Dmitri Medvedev nommé Premier ministre en Russie

Le Premier ministre russe par intérim Dmitri Medvedev et le président Vladimir Poutine assistent à une session de la Douma d'Etat à Moscou le 8 mai 2018.

Marginalisé et impopulaire après un passage peu fécond à la tête de la Russie, Dmitri Medvedev n'est jamais sorti de l'ombre de son mentor Vladimir Poutine, dont il reste le loyal Premier ministre après sa confirmation par la Douma.

M. Medevedev, 52 ans, s'est progressivement effacé du devant de la scène politique lors des six dernières années passées à la tête du gouvernement. Mais il n'a jamais été désavoué par son aîné, qui l'a de nouveau proposé au poste de Premier ministre, après son investiture.

Propulsé à la présidence de la Russie en 2008 grâce au soutien et à la popularité de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev cède sa place à la fin de son mandat en 2012 à son mentor et devient alors Premier ministre.

Considéré comme l'un des meneurs de l'aile "libérale" de l'élite politique russe, il est marginalisé par la montée en puissance du clan rival des "siloviki" (les militaires et les services de sécurité) et occupe une place de plus en plus marginale, limitée aux questions techniques.

En 2017, une enquête de l'opposant Alexeï Navalny sur son supposé patrimoine est l'élément déclencheur de manifestations à l'ampleur inattendue de l'opposition, qui avait pu voir en lui, dans le passé, le possible vecteur d'une inflexion du pouvoir.

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Ses nombreuses maladresses verbales lui valent aussi l'aversion des Russes. "Il n'y a pas d'argent mais tenez-bon", avait-il par exemple répondu en mai 2016 à des retraités de Crimée qui se plaignaient de la baisse de leur niveau de vie, provoquant une vague d'indignation.

Quelques mois plus tard, il invitait les enseignants réclamant des hausses de salaire à "faire de meilleurs études (...) pour gagner plus". Après ces propos, une pétition réclamant sa démission avait récolté plusieurs centaines de milliers de signatures.

'Peu de succès'

Élu en 2008 président de la Russie, ce petit brun souriant, qui n'hésite pas à afficher son goût pour la musique rock, voulait se donner l'image d'un dirigeant moderne, bien différente de celle de son prédécesseur.

Adepte des nouvelles technologies, blogueur et fan de Twitter, il fait de la modernisation de la Russie son leitmotiv. Son credo est alors l'amélioration du climat des affaires et la réduction de la dépendance du pays aux matières premières.

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Son autre fer de lance: la corruption, mal endémique en Russie. Dmitri Medvedev, juriste de formation, limoge nombre de généraux et de hauts responsables, parmi lesquels le puissant maire de Moscou Iouri Loujkov.

Mais il reconnaît lui-même en 2011 le "peu de succès" obtenu dans ce domaine. A l'issue de son mandat, l'économie russe n'est toujours pas parvenue à se libérer de ses problèmes structurels.

Le libéralisme du discours peine à se traduire dans les faits et de l'avis de l'écrasante majorité des observateurs, c'est toujours Poutine qui décide des grandes orientations du pays lors du mandat de M. Medvedev.

En temps de crise, comme lors de la guerre d'août 2008 contre la Géorgie ou lorsqu'il admoneste publiquement ses subordonnés, Medvedev reprend d'ailleurs avec un succès inégal le style cinglant de son mentor. L'opposition n'a pas plus droit à la parole sous sa présidence que sous Poutine et la télévision reste pour l'essentiel un porte-voix du pouvoir.

La désillusion est totale pour certains quand il accepte en 2012 de ne pas briguer de second mandat au Kremlin et de permuter son poste avec celui de M. Poutine, selon un scénario qui s'avèrera avoir été décidé longtemps à l'avance.

'Vieux camarade'

Né le 14 septembre 1965 à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) dans une famille d'enseignants, Dmitri Medvedev a grandi dans un quartier populaire de l'ancienne capitale impériale.

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Il fait ses études à la Faculté de droit de sa ville natale puis entre au Comité des relations extérieures de la municipalité, alors dirigé par un certain Vladimir Poutine. Il y reste cinq ans (1990-95).

Sa carrière se construit dans le sillage de l'ex-officier du KGB, qui le fait monter à Moscou en 1999. Élu président en 2000, Vladimir Poutine le nomme bientôt chef de l'administration présidentielle.

En novembre 2005, il devient soudain premier vice-Premier ministre, une promotion perçue en Russie comme visant à l'amener sur le devant de la scène avant d'être finalement propulsé au Kremlin.

Lorsqu'il est président, sa côte de popularité ne dépasse pourtant jamais celle de son Premier ministre qui prend en main toutes les grandes crises intérieures et n'hésite pas davantage à s'exprimer sur la politique internationale.

Si des rumeurs - invérifiables - de tensions au sein du tandem au pouvoir ont parfois surgi, M. Medvedev a toujours souligné ne pas être en concurrence avec Vladimir Poutine, son "collègue et vieux camarade".

Avec AFP