Deux personnes "lynchées puis brûlées" à Butembo

Un présumé combattant des FDLR arrêté par les rebelles du M23, de retour d'une incursion au Rwanda pès de Kibumba, au nord de Goma, le 27 novembre 2012.

Les deux hommes étaient soupçonnés de vouloir rejoindre les auteurs d'une série de massacres à l'arme blanche dans la région de Beni.

Les deux personnes ont, selon les sources locales été "lynchées puis brûlées" mercredi par la population de Butembo dans l'est de la République démocratique du Congo.

"Je condamne la mort de ces deux personnes lynchées puis brûlées par la foule", a déclaré à l'AFP Sikuli Uvasaka Makala, maire de la ville de Butembo dans la province du Nord-Kivu (est).

"Ces gens ont été tués parce qu'ils tentaient de rejoindre les égorgeurs de Beni", a expliqué à l'AFP un jeune manifestant, sous couvert d'anonymat. Un autre a affirmé qu'ils venaient de Lubero, plus au sud, et "transitent par Butembo pour Beni où ils tuent à la machette".

Selon des témoins, une forte tension a régné toute la journée à Butembo où des jeunes avaient barricadé les principales artères de la ville, procédant à des contrôles sur tous les véhicules en provenance des territoires du sud réputés zones d'action des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

"L'armée est venue en renfort pour rétablir l'ordre", a déclaré à l'AFP le général Marcel Mbangu qui était à la tête d'un contingent d'une centaine de militaires venus de Beni et qui avaient procédé à des tirs de sommation pour disperser les manifestants.

Les deux personnes tuées "ne sont même pas rwandophones: l'une est originaire de l'Ituri [nord-est], l'autre est de Bukavu", capitale de la province voisine du Sud-Kivu, a ajouté le général Mbangu.

"Huit meneurs" ont été arrêtés, selon un autre officier.

La ville de Butembo est située à une cinquantaine de kilomètres du territoire de Beni, théâtre depuis octobre 2014 d'une série de massacres ayant causé la mort de plus de 700 personnes, selon l'ONU. Ces massacres sont majoritairement imputés aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF).

"Vous tuez des innocents", a lancé le maire, M. Sikuli, aux manifestants, les invitant "à bannir la justice populaire", estimant que cela portait préjudice à la communauté nande.

Dans cette région, des affrontements entre communautés nande et hutu sont fréquents.

Les Nande accusent les Hutu congolais d'être complices des FDLR pour les chasser de leur territoire. Les Hutu congolais, qui ne nient pas être à la recherche de nouvelles terres agricoles, accusent les Nande de violer leur droit constitutionnel à s'installer où ils le veulent.

Opposés au pouvoir de Kigali, les FDLR, disséminés essentiellement au Nord et au Sud-Kivu, n'ont pas mené d'action militaire d'envergure au Rwanda depuis 2001, mais sont régulièrement accusés de commettre des atrocités contre les civils dans les zones sous leur contrôle.

L'est de la RDC est déchiré depuis plus de 20 ans par des conflits armés alimentés par des différends ethniques et fonciers, la concurrence pour le contrôle des ressources minières et des rivalités entre puissances régionales.

Avec AFP