Deux étudiants arrêtés pour avoir critiqué ouvertement Mugabe

Le président Robert Mugabe du Zimbabwe, 24 septembre 2016.

Les deux étudiants ont, selon un représentant des jeunes, osé critiquer le président Robert Mugabe, en la présence de celui-ci, lors d'une cérémonie de remise de diplômes universitaires à Harare.

La police zimbabwéenne les a interpellés tout de suite, fait savoir Promise Mkwananzi, porte-parole du mouvement Tajamuka (Nous sommes agités), à la pointe de la contestation au Zimbabwe.

"Je peux confirmer que deux de nos membres ont été arrêtés pendant la cérémonie à l'université du Zimbabwe et ils sont toujours en garde à vue au moment où je vous parle", indique M. Mkwananzi.

L'un des étudiants arrêtés, Tonderai Dombo, a brandi une affiche "Diplômé aujourd'hui, au chômage demain". L'autre, Gift Chuma, est accusé d'avoir interpellé le président en le traitant de "diable", selon M. Mkwananzi.

"Le gouvernement pense qu'on ne peut pas critiquer le président. Or on devrait pouvoir critiquer le chef de l'Etat plus que n'importe quelle autre personne, parce qu'il doit rendre des comptes pour le chaos actuel", a estimé le porte-parole.

La police, contactée par l'AFP, n'a fait aucun commentaire.

Ces brèves expressions de colère contre le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, s'inscrivent dans le mouvement de contestation qui agite le pays depuis quelques mois, sur fond de profonde crise économique.

Environ 80% de la population active travaille dans le secteur informel et le gouvernement et les banques manquent cruellement de liquidités, retardant le paiement des salaires des fonctionnaires.

Pour tenter de contrer la grogne anti-Mugabe, la police a interdit tout rassemblement dans la capitale pour un mois, jusqu'au 15 octobre. De fait, aucune manifestation d'ampleur n'a eu lieu à Harare depuis.

Jeudi, le président Mugabe, âgé de 92 ans, assistait à la cérémonie à l'université du Zimbabwe au cours de laquelle 3.667 étudiants ont reçu leur diplôme.

Avec AFP