Des proches en colère devant le palais de justice au début d'auditions au Gabon

La police gabonaise patrouille dans les rues après les manifestations post-électorales à Libreville, Gabon, 1 septembre 2016.

Plusieurs dizaines de personnes se sont regroupées lundi devant le palais de justice de Libreville dans l'espoir d'obtenir des nouvelles d'un proche introuvable depuis le début des violences post-électorales au Gabon, alors que le parquet doit mener les auditions des centaines de personnes arrêtées.

Dans l'enceinte du palais de justice, plusieurs personnes sont descendues d'un camion main sur la tête pour être conduites sous surveillance policière vers l'intérieur du bâtiment, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Derrière les grilles, des dizaines de personnes espéraient apercevoir un fils, un frère, une soeur ou un mari, introuvables depuis l'explosion de violences au Gabon juste après la proclamation de la réélection d'Ali Bongo mercredi.

"J'ai appris par RFI qu'ils vont entendre les prévenus, les manifestants, au tribunal, donc je suis venu pour voir si parmi les personnes arrêtées figurent mon petit frère", a déclaré à l'AFP Alexis.

Paul, une soixantaine d'années, a tenté en vain de voir son fils dans un précédent convoi de personnes descendant des camions de police, avant d'être conduit de l'autre côté des grilles qui protègent le palais.

"On nous a refoulés, on devrait quand même rester à l'intérieur voir nos enfants, s'ils sont là ou pas", affirme-t-il.

"Qu'est-ce qui nous dit que nos enfants sont effectivement là, ou qu'ils sont morts? C'est pourquoi nous sommes là, pour identifier nos enfants; nous sommes quand même dans un Etat de droit", s'emporte Constance, qui dit chercher sa soeur.

Au total le parquet doit auditionner près de 800 personnes arrêtées la semaine dernière rien qu'à Libreville après des émeutes et des pillages, a indiqué samedi le ministère de l'Intérieur.

Les personnes interpellées sont détenues "dans des conditions dégradantes et insupportables", a dénoncé samedi le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Gabon, Jean-Pierre Akumbu M'Oluna, qui demande aux autorités judiciaires de "les traiter humainement".

Un journaliste de 26 ans a raconté à l'AFP avoir été détenu de jeudi matin à samedi midi entièrement nu dans une cellule avec quatre autres personnes à la direction générale des douanes.

Avec AFP