Crash EgyptAir : la seconde boîte noire repêchée

Les travailleurs de maintenance préparent un avion d’Egyptair avant le vol à l'aéroport international du Caire, Egypte, 21 mai 2016. REUTERS / Amr Abdallah Dalsh - RTSFD78

La seconde boîte noire de l'avion d'EgyptAir qui s'est abîmé en Méditerranée le 19 mai a été repêchée, a annoncé vendredi la commission d'enquête égyptienne dans un communiqué.

Le Flight Data Recorder (FDR), qui enregistre tous les paramètres de vol, "a été repêché en plusieurs morceaux" et les équipes de recherches ont pu récupérer "la partie la plus importante, qui contient la mémoire de l'appareil", précise le communiqué, un jour après la découverte de la première boîte noire de l'avion.

Pendant ce temps, les enquêteurs se préparent à analyser la première boîte noire retrouvée un jour plus tôt en Méditerranée. L'analyse devrait permettre d'élucider les causes du crash de l'Airbus A320 d'EgyptAir qui s'est abîmé en mer il y a un mois, faisant 66 morts.

L'enregistreur de voix CVR (Cockpit Voice Recorder) a été "retrouvé en morceaux" jeudi par les équipes de recherches, qui ont pu repêcher "la partie la plus importante de l'enregistreur, celle qui contient la mémoire de l'appareil".

Cette boîte noire, cruciale puisqu'elle enregistre les conversations dans le cockpit, a été débarquée au port d'Alexandrie, a indiqué vendredi à l'AFP le chef des enquêteurs égyptiens Ayman el-Mokadem. Elle sera transférée au Caire, où les Egyptiens, épaulés par les experts français du Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA) et du constructeur européen Airbus, doivent analyser ses données.

"En fonction de ce que l'on va lire sur cette boîte noire, elle peut nous permettre de savoir exactement ce qui s'est passé", estime Jean Serrat, consultant en aéronautique.

Le CVR fonctionne comme un magnétophone et contient généralement jusqu'à deux heures de conversations: voix du commandant de bord et du copilote, communications entre le cockpit, le chef de cabine et les hôtesses/stewards, mais aussi des bruits d'ambiance dans l'avion.

"On va voir réellement dans quel état d'esprit était l'équipage, comment ça s'est passé, est-ce qu'ils ont été surpris, est-ce qu'ils ont été apeurés", ajoute M. Serrat.

L'Airbus A320 reliant Paris au Caire s'est abîmé le 19 mai avec ses 66 occupants, dont 40 Egyptiens et 15 Français, après avoir soudainement disparu des écrans radar, pour des raisons encore indéterminées.

"Le contenu de la boîte noire sera récupéré et analysé dans un département spécialisé du ministère de l'Aviation civile au Caire", a indiqué à l'AFP un responsable du ministère, sous le couvert de l'anonymat avant de préciser: "si la mémoire est endommagée, on va l'envoyer à un laboratoire à l'étranger pour des analyses plus poussées".

Le BEA a annoncé qu'il dépêchait vendredi au Caire un de ses enquêteurs "afin d'apporter (son) expertise technique à la lecture de l'enregistreur".

Défaillances techniques

C'est le "John Lethbridge", un navire de la compagnie française Deep Ocean Search (DOS), qui a repêché la boîte noire jeudi. Ce navire est équipé d'un robot conçu pour cartographier les fonds et remonter des petits éléments immergés jusqu'à 6.000 m de profondeur.

Désormais, les recherches se poursuivent pour retrouver la seconde boîte noire dans la zone du crash, à environ 290 km au nord de la côte égyptienne, entre la Crête et l'Egypte, à une profondeur de 3.000 m maximum, selon les enquêteurs.

L'hypothèse d'un attentat contre l'Airbus avait d'abord été avancée par l'Egypte. Fin octobre, une bombe avait en effet explosé à bord d'un avion de touristes russes après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh (224 morts). L'attaque avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Mais cette thèse a cédé du terrain au profit de celle d'un incident technique, notamment en l'absence de revendication et en raison d'alarmes signalant des défaillances.

Juste avant la chute de l'avion, et deux minutes durant, le système de transmission automatisé de messages de l'appareil avait indiqué que 10 alarmes s'étaient déclenchées à bord. Elles signalaient de la fumée dans le cockpit, dans une toilette et sous la cabine de pilotage, ainsi qu'une défaillance de l'ordinateur gérant les commandes de l'avion.

La commission d'enquête égyptienne avait par ailleurs confirmé lundi que l'appareil avait effectué un virage brutal à 90 degrés sur sa gauche, puis une vrille de 360 degrés à droite, avant d'entamer sa chute.

Pour M. Serrat, l'analyse de la boîte noire va permettre de répondre "à des questions extrêmement importantes".

"Est-ce que l'équipage a été surpris et n'a pas eu le temps d'agir? Ou est ce qu'il y a eu un phénomène important qui s'est passé à bord, qui fait que l'équipage a déclenché une procédure d'urgence qui s'est ensuite mal déroulée? Est-ce qu'il y a un bruit d'explosion ou de décompression explosive de l'avion?", s'interroge cet ancien commandant de bord.

Avec AFP