Côte d'Ivoire : deux tués et plusieurs blessés dans une mutinerie dans la prison d'Abidjan

La prison Maca d'Abidjan, le 16 août 2011. (REUTERS/ Thierry Gouegnon)

"Les détenus armés de kalachnikov ont attaqué entre 08H00 et 09H00 (GMT et locales) les postes des gardes pénitentiaires", a déclaré à l'AFP le sergent Noël Yao, en poste à la prison d'Abidjan.

Au moins deux personnes dont un caïd de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), la principale prison de Côte d'Ivoire, ont été tuées lors d'une mutinerie réprimée par les forces de l'ordre, a déclaré la police.

La seconde victime est un garde pénitentiaire, qui a trouvé la mort au cours "d'une opération de renforcement de la sécurité à l'intérieur de l'établissement", selon une déclaration du directeur général de la police nationale, le général Brédou M'Bia, transmise à l'AFP.

"Certains détenus menés par Yacouba Coulibaly, alias +Yacou le Chinois+ ont opposé une farouche résistance pendant trois heures, à cette opération qui a également fait "neuf blessés" chez les gardes pénitentiaires, selon le communiqué.

"La situation est désormais sous contrôle", souligne le texte.

Cinq kalachnikovs ont été saisies auprès "de la garde rapprochée" de "Yacou le Chinois", un caïd de la Maca, à l'origine, il y a quelques années, de plusieurs tentatives d'évasions et de mutineries, a affirmé de son côté, un responsable de la police ayant requis l'anonymat.

Il y purgeait depuis 2012 une lourde peine pour "assassinat et meurtre". En 2015, il avait fait sensation en célébrant à coups de billets de banques son anniversaire en prison.

La mutinerie avait éclaté samedi matin où les détenus armés de kalachnikovs avaient attaqué entre 08H00 et 09H00 (GMT et locales) les postes des gardes pénitentiaires", selon un gardien, le sergent Noël Yao.

Selon lui, la décision des mutins, dont de nombreux condamnés à des lourdes peines, d'effectuer une sortie à la journée sans en avoir obtenu l'autorisation, a été le déclencheur de la révolte.

Des témoins ont raconté avoir entendu des échanges de tirs entre détenus et gardiens, appuyés par la police et la gendarmerie.

"Les prisonniers avaient pris un moment le contrôle de l'établissement", avait assuré un voisin joint au téléphone.

Le gouvernement n'a pas fait de commentaire sur ces troubles survenus dans cette prison particulièrement sensible, où sont notamment détenues des personnalités proches de l'ancien président Laurent Gbagbo.

La prison de la capitale économique ivoirienne qui accueille quelque 5.200 prisonniers pour 1.500 places, selon les derniers chiffres disponibles, avait subi d'importantes évasions en 2012.

Elle avait été entièrement vidée de ses détenus et très endommagée au plus fort de la crise postélectorale (2010-2011) qui a fait plus de 3.000 morts. Elle avait ensuite subi d'importants travaux de rénovation, mais reste surpeuplée.

AFP