Burundi : arrestation d'un journaliste rwandais accusé d’espionnage

ARCHIVES - Un femme marche à travers un marché déserté après à la suite des manifestations contre la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat à Bujumbura, le 29 avril 2015.

Étienne Besabesa Mivumbu, de l'Agence rwandaise de presse, radio communautaire Izuba et le site Igihe.com, a été arrêté et inculpé d’espionnage au Burundi.

Le procureur de la République de Muyinga, Ernest Nduwimana, joint par téléphone depuis Bujumbura par l’AFP, a indiqué que le journaliste a avait été écroué à la prison centrale de Muyinga. Il avait été pris en compagnie d'un taxi-moto rwandais qui le transportait, dans la commune de Giteranyi.

"Nous l'avons inculpé d'espionnage parce c'était un journaliste qui cherchait des informations sans avoir d'accréditation, mais les enquêtes continuent pour confirmer ou infirmer" ce chef, a expliqué le procureur.

M. Besabesa Mivumbu a, pour sa part, affirmé aux enquêteurs qu'il effectuait un reportage sur l'agriculture au Burundi et le commerce transfrontalier, selon Adam Ruhamiriza de l'Association de protection des droits de l'Homme et des personnes détenues (APRODH).

Le journaliste et le conducteur de taxi-moto portaient des traces de coups sur le derrière et sur le dos, selon APRODH.

"Ils ont dit qu'après leur arrestation par un agent de la iDocumentation’ (services de renseignement), ils ont été interrogés et frappés à coups de bâton sur le dos, le derrière et la plante des pieds", a expliqué M. Ruhamiriza, "ils nous ont dit qu'on leur demandait de révéler les endroits où il y avait des camps d'entraînement pour des rebelles burundais au Rwanda".

Le Burundi a, à plusieurs reprises récemment, accusé la presse, notamment étrangère, d'encourager le mouvement de contestation qui agite Bujumbura et - dans une moindre mesure - plusieurs localités de province depuis fin avril.

Le président rwandais Paul Kagame a récemment suggéré à son homologue burundais de renoncer à un troisième mandat.

Richard Gimarahoro, président du Conseil national de la Communication (CNC), l'organe de régulation des médias au Burundi, a indiqué à l'AFP avoir rendu visite jeudi au journaliste et à son compagnon.

"Le CNC a demandé au procureur d'accélérer les enquêtes pour que le journaliste soit blanchi ou qu'il soit définitivement (...) traduit en justice", a-t-il déclaré, assurant que les deux hommes lui avaient dit être "bien traités depuis qu'ils sont dans la prison".