Burundi : l'ONU appelle à une action "urgente" pour éviter la "catastrophe"

Des réfugiés burundais au camp de Gashora, au Rwanda, le 21 avril 2015. (AP Photo/Edmund Kagire)

Une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, jeudi, se penche sur un projet de résolution présenté par les Etats-Unis qui appelle au déploiement "en urgence" d'une mission au Burundi.

La violence au Burundi aura des conséquences "catastrophiques" faute d'action internationale "urgente", a mis en garde jeudi 17 décembre le Haut-commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies Zeid Ra'ad Al Hussein, vingt ans après le génocide au Rwanda.

Le Burundi est "au seuil d'une guerre civile" et nécessite "l'attention urgente, concertée et décisive de la communauté internationale", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein, appelant à ce que la situation soit examinée par la Cour pénale internationale (CPI).

Le Haut-commissaire s'exprimait lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève consacrée à ce pays d'Afrique centrale en proie à une spirale de violences depuis plusieurs mois.

Lors de cette session, le Conseil se penche sur un projet de résolution présenté par les Etats-Unis qui appelle au déploiement "en urgence" d'une mission au Burundi pour enquêter sur de possibles violations, alors que des affrontements particulièrement sanglants ont fait près de 90 morts vendredi à Bujumbura.

Un pays "au point de rupture et prêt à basculer"

"Les évènements de vendredi sont la manifestation choquante de ce qui arrive quand un pays et au point de rupture et prêt à basculer à la moindre incitation", a déclaré M. Zeid, craignant des conséquences "catastrophiques".

Elisa Nkerabirori, représentante du ministère burundais des Droits de l'Homme, a accusé les acteurs internationaux de "dissimuler délibérément la realité" et de "soutenir l'opposition radicale".

Le Burundi est en proie à une crise politique majeure depuis fin avril et l'annonce de la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, obtenu en juillet.

Des centaines de personnes ont été tuées et plus de 200.000 autres ont fui le pays depuis le début de la crise, selon l'ONU.

Manipulations

Mercredi, le secrétaire général Ban Ki-moon a estimé que "le pays est au bord d'une guerre civile qui risque d'embraser toute la région" et annoncé l'envoi au Burundi de l'émissaire de l'ONU Jamal Benomar pour rencontrer des responsables de l'Union africaine et des pays de la région, en vue d'un dialogue entre le gouvernement burundais et l'opposition.

Les violences récentes au Burundi font craindre à la communauté internationale le retour de violences à grande échelle dans ce petit pays des Grands Lacs, à l'histoire post-coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi et qui a subi une guerre civile entre 1993 et 2006.

Adama Dieng, conseiller de l'ONU pour la prévention des génocides, a lui souligné que le gouvernement et l'opposition manipulaient tous deux les tensions ethniques au Burundi entre les Hutus et les Tutsis, et que la situation "pourrait dégénérer en crimes atroces".

M. Dieng a déclaré que les discours de haine et la rhétorique utilisés actuellement au Burundi ressemblaient à ceux observé au Rwanda voisin avant le génocide de 1994.

Avec AFP