Bataille juridique autour de l'avenir de Jacob Zuma

Le président Jacob Zuma, à gauche, lors d'un rallye à Bloemfontein, en Afrique du Sud, le 1er mai 2017.

La plus haute juridiction sud-africaine doit se prononcer lundi sur la constitutionnalité d'un prochain vote de défiance à bulletins secrets contre Jacob Zuma au Parlement, nouvel épisode de la bataille politique engagée autour de l'avenir du président.

Banderoles "Zuma doit partir" au vent, des milliers de manifestants se sont réunis autour de la Cour constitutionnelle à Johannesburg pour soutenir la requête déposée par plusieurs partis d'opposition en faveur du secret du vote.

Les adversaires du chef de l'Etat ont déposé contre lui une nouvelle motion de défiance pour dénoncer le remaniement ministériel controversé de la fin mars, marqué par l'entrée au gouvernement d'une dizaine de ses proches.

Le respecté ministre des Finances Pravin Gordhan, défenseur de la bonne gestion des deniers publics, avait été la principale victime de cette décision, qui a suscité la colère de l'opposition et d'une partie Congrès national africain (ANC) au pouvoir.

L'opposition a exigé le secret du vote de la motion déposée au Parlement, persuadée de pouvoir "retourner" une partie des députés ANC qui y ont la majorité absolue.

Face au refus de la présidente de la chambre, Baleka Mbete (ANC), qui a estimé que la Constitution n'autorisait pas le vote à bulletins secrets, l'affaire a atterri devant la Cour constitutionnelle.

Les juges suprêmes devaient se prononcer en fin de journée.

La portée de leur verdict sera limitée puisque, même s'ils donnaient raison à l'opposition, Mme Mbete, jusque-là loyale à Jacob Zuma, décidera seule de l'opportunité d'un vote à bulletins secrets plutôt qu'à main levée devant le Parlement.

'Voter en conscience'

L'ANC y dispose d'une majorité absolue et a, lors des votes de défiance précédents, toujours soutenu le chef de l'Etat.

"Très bientôt, les députés de l'ANC vont devoir choisir entre ce qu'il y a de mieux pour eux et ce qu'il y a de mieux pour l'Afrique du Sud", a déclaré lundi devant la Cour Mmusi Maimane, le chef de l'Alliance démocratique (DA, libéraux).

"Peu importe ce que la Cour constitutionnelle décide aujourd'hui, bulletin secret ou non, tout ce que nous demandons c'est que les députés votent avec leur conscience", a ajouté le chef du principal parti d'opposition devant ses troupes.

Le chef des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), Julius Malema, était à ses côtés lundi à Johannesburg.

"Nous marcherons jusqu'à ce qu'il parte et aujourd'hui nous sommes là pour soutenir l'action en justice", a déclaré à l'AFP une des manifestantes, Tsido Molefe, 22 ans.

"C'est important que les parlementaires puissent voter à bulletins secrets, cela garantit un processus équitable et démocratique", a estimé un autre, Chris Wiseman.

Depuis le remaniement, l'opposition - DA et EFF en tête - a mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de plusieurs villes du pays pour exiger le départ de Jacob Zuma, visé dans plusieurs scandales de corruption.

La grogne a gagné les rangs de l'ANC, qui doit choisir en décembre le successeur de M. Zuma en vue des élections générales de 2019.

Au pouvoir depuis la fin officielle de l'apartheid en 1994, l'ANC a perdu une partie de sa popularité et a essuyé un revers aux élections locales de l'an dernier en perdant le contrôle de plusieurs municipalités dont Johannesburg et Pretoria.

Avec AFP