Heurts entre police et partisans de l'opposition au Bangladesh

Khaleda Zia, lors d'un meeting de l'ancienne Première ministre, Dacca, Bangladesh, le 30 janvier 2012.

Des violents heurts ont opposé dans la capitale du Bangladesh sous haute sécurité partisans de l'opposition et forces de l'ordre, en amont d'un verdict crucial pour la cheffe de l'opposition Khaleda Zia.

La police a dispersé à coups de gaz lacrymogènes des milliers de manifestants lui lançant des pierres alors qu'ils escortaient l'ex-Première ministre à sa voiture à Dacca, selon des images en direct de la chaîne de télévision privée Somoy.

Mme Zia est jugée pour corruption par un tribunal spécial, le parquet a requis la prison à vie.

Première ministre à deux reprises, présidente de longue date du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), Mme Zia est poursuivie pour avoir détourné 21 millions de takas (206.000 euros) d'un fonds créé pour un orphelinat. Elle dément ces accusations, qu'elle décrit comme politiques, et assure que "pas un sou" n'a été volé.

Par crainte de violences de ses partisans, des milliers de policiers ont été déployés dans les rues de Dacca, où les manifestations étaient interdites.

L'opposition a indiqué que les forces de l'ordre avaient interpellé préventivement "environ 3.500" de ses membres. Des écoles privées ont demandé à leurs élèves de rester chez eux, certaines compagnies de VTC avaient suspendu leurs services pour la journée.

"Nous avons renforcé la sécurité dans toute la ville", a déclaré à la presse Asaduzzaman Mia, chef de la police de Dacca.

Fin janvier, le parquet avait requis la prison à vie contre Mme Zia. Si elle était déclarée coupable, elle serait empêchée de se présenter aux prochaines élections législatives, qui devraient se tenir en décembre.

Mme Zia, 72 ans, a dirigé le Bangladesh de 1991 à 1996 puis de 2001 à 2006 et est l'ennemi jurée de l'actuelle cheffe de gouvernement Sheikh Hasina, qui fut un temps son alliée et avec laquelle elle se succède au pouvoir.

Lors d'une conférence de presse mercredi, à la veille du verdict du tribunal spécial anticorruption, la leader de l'opposition avait estimé que ce procès était destiné à écarter sa famille et elle de la vie politique.

"C'est une tentative d'instrumentaliser la justice contre moi afin de m'écarter de la politique et des élections, et de m'isoler du peuple", a-t-elle déclaré.

"Je suis prête à affronter toutes les conséquences. Je n'ai pas peur de la prison ou d'une sanction. Je ne vais pas m'incliner", a-t-elle ajouté.

Des manifestations du BNP et de ses alliés islamistes en 2014 et 2015 avaient fait 200 morts.

Avec AFP