Après le Kenya, Antony Blinken arrive au Nigeria

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken prononce un discours à l'ambassade des États-Unis à Nairobi, au Kenya, le 18 novembre 2021.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rend jeudi au Nigeria, où la gestion des droits humains a suscité depuis un an de vives critiques aux Etats-Unis et des appels à une "refonte" des relations avec pays le plus peuplé d'Afrique.

Après le Kenya mercredi, le chef de la diplomatie américaine poursuit sa première tournée en Afrique subsaharienne où il entend porter les priorités du président Joe Biden: promouvoir la démocratie, la lutte contre le changement climatique et contre la pandémie de Covid-19.

A Nairobi, un de ses alliés de longue date, Blinken a appelé à des solutions africaines aux crises du continent, notamment à la guerre qui fait rage en Ethiopie, où l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo mène une médiation au nom de l'Union africaine.

Première économie d'Afrique subsaharienne qui concentre 20% de la population de cette région, le Nigeria est un acteur essentiel sur le continent pour les administrations américaines, qui ont toutes courtisé les dirigeants nigérians depuis le rétablissement d'un pouvoir civil en 1999.

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Tigré, démocratie et élections libres dans l'agenda de Blinken au Kenya


Mais depuis un an, le discours américain envers le Nigeria s'est fait plus ferme, notamment face à la sanglante répression d'un vaste mouvement de contestation contre les violences policières.

Alors candidat, Biden avait exprimé sa solidarité avec les manifestants et exhorté le président Muhammadu Buhari –que Blinken rencontrera jeudi– à infléchir la riposte des forces de sécurité.

Le sénateur Bob Menendez, membre du Parti démocrate qui préside la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a appelé, lors d'une audition avec Blinken, à une "refonte fondamentale du cadre de notre engagement global" avec le Nigeria.

Retiré d'une liste noire

Le Congrès a retardé la vente au Nigeria de 12 hélicoptères d'attaque américains Cobra, face aux interrogations sur l'engagement de l'armée à protéger les civils dans son combat contre l'insurrection jihadiste de Boko Haram depuis deux décennies.

Mais le Nigeria a récemment commencé à recevoir une livraison séparée d'avions de guerre Super Tocano. L'ancien président Donald Trump avait donné le feu vert à cette vente, suspendue par son prédécesseur Barack Obama à la suite d'une frappe accidentelle nigériane sur un camp de réfugiés qui a tué plus de 100 personnes.

Avant sa visite, Antony Blinken a annulé une décision de Trump, en retirant le Nigeria d'une liste noire américaine des nations qui violent les religions.

Le prédécesseur de Blinken, Mike Pompeo, qui ne s'est jamais rendu au Nigeria, avait pris cette décision à la fin de son mandat à la demande de chrétiens évangélistes, qui dénonçaient des attaques qualifiées de systématiques contre cette communauté.

Pour Oge Onubogu, directrice pour l'Afrique de l'Ouest à l'Institut américain de la paix, l'administration Biden devrait voir des parallèles entre le Nigeria et l'Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent, où un conflit ethnique persistant s'est transformé en une guerre dévastatrice qui menace la stabilité de toute la région.

Blinken peut insister sur le fait que "ce qui se passe au Nigeria n'affecte pas seulement le Nigeria, mais affecte également l'Afrique de l'Ouest et le reste du continent", explique-t-elle.

Selon elle, on ne peut plus faire "comme si de rien n'était" et les Etats-Unis doivent traiter plus directement avec le peuple nigérian, pas seulement avec le gouvernement.

Des responsables du département d'Etat ont déclaré que Blinken aborderait la question des droits de l'homme au Nigeria et rencontrerait des groupes de la société civile tout au long de sa tournée, qui le conduira ensuite au Sénégal.

"C'est ce que les gens regarderont", estime Onubogu: "Ils diront 'D'accord, le ton change' mais ils voudront plus d'assurances que les choses changent réellement dans la bonne direction".

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Le Monde Aujourd’hui: Blinken en Afrique et manifestations au Burkina