Attaque à la roquette contre un site gazier en Algérie

L'usine de traitement de gaz Krechba, à environ 1 200 km au sud d'Alger, le 14 décembre 2008. (REUTERS/Zohra Bensemra)

Des djihadistes ont attaqué le site gazier exploité par des firmes étrangères dans le sud de l'Algérie sans faire de victime, trois ans après une prise d'otages meurtrière par des islamistes sur le complexe gazier d'In Amenas.

L'attaque, qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, a visé le site de Khrechba près de la région d'In Salah, à 1.300 km au sud d'Alger, selon des employés et les compagnies l'exploitant, l'Algérien Sonatrach, le Britannique BP et le Norvégien Statoil.

L'agence de presse algérienne APS a confirmé l'attaque, la première depuis celle d'In Amenas, en indiquant que "deux terroristes ont tiré des roquettes artisanales sur l'installation gazière" sans faire ni victimes ni dégâts.

Une opération a été lancée pour tenter de retrouver les deux assaillants, a-t-elle ajouté.

L'un des employés du site joint par l'AFP au téléphone, a précisé "qu'un groupe terroriste a attaqué vers 06H00 du matin à la roquette le site gazier à Krechba", dans le Sahara algérien.

Le site, qui comprend deux bases de vie et un centre de production, est protégé par une clôture de sécurité le long de laquelle des militaires sont postés en permanence, a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.

"Les obus semblent avoir été tirés de loin" et l'armée est aussitôt intervenue pour empêcher une éventuelle intrusion des assaillants à l'intérieur du site, a-t-il poursuivi.

Dans un communiqué, la compagnie Statoil a elle aussi évoqué des "projectiles tirés de loin", en affirmant que ses trois employés étaient "sains et saufs". Elle a ajouté avoir mis en place une "cellule d'urgence" en Norvège et en Algérie.

Le groupe Sonatrach a annoncé également la mise en place d'une cellule de crise à Hassi Messaoud, plus au nord.

Appel à la 'vigilance'

Pour sa part BP a indiqué dans un communiqué avoir été informé d'une attaque à la roquette qui n'a pas fait de victime.

"Notre première priorité est la sécurité de notre personnel (...) Nous sommes en contact avec nos partenaires et nous cherchons à assurer la sécurité des personnes" sur place, a ajouté BP en faisant état de la suspension des travaux sur le site par mesure de précaution.

Cette attaque intervient trois ans après celle contre le complexe gazier d'In Amenas, également dans le Sud.

Un groupe de 32 islamistes, venus du Mali, avait le 16 janvier 2013 pris en otage des centaines d'employés du complexe gazier de Tiguentourine, à 40 km d'In Amenas. Les forces spéciales avaient lancé trois jours plus tard un assaut pour les libérer. Au total, 40 employés de dix nationalités seront tués ainsi que 29 assaillants.

Une organisation islamiste proche d'Al-Qaïda, les "Signataires par le sang", a revendiqué l'attaque lancée selon le groupe en représailles à l'intervention française au Mali.

Depuis, les autorités algériennes ont chargé des agents de sécurité de protéger les sites économiques gérés par des étrangers.

Le patron de l'armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a appelé le 13 mars, lors d'une visite dans le sud algérien, à une vigilance accrue face à la "dégradation inédite" de la situation sécuritaire dans la région, où la Libye et la Tunisie voisines sont confrontées à des troubles liées à la mouvance jihadiste.

Renforcer les frontières

Le sud-est de l'Algérie est frontalier de la Libye, pays en proie au chaos où sévissent les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Le nord-est algérien est lui frontalier de la Tunisie, qui a été frappée en 2015 par trois attentats meurtriers spectaculaires revendiqués par l'EI et des attaques jihadistes le 7 mars d'une ampleur sans précédent à Ben Guerdane, ville proche de la Libye.

Alger a déployé des dizaines de milliers de militaires le long de la frontière avec ces deux pays pour parer à d'éventuelles infiltrations de jihadistes, selon la presse locale.

Lundi, l'armée a annoncé avoir tué le chef d'un groupe armé algérien ayant rallié l'EI et la semaine dernière, elle a annoncé avoir tué trois islamistes armés non loin de la frontière tunisienne et saisi six systèmes de missiles anti-aérien stingers.

L'Algérie, membre de l'Opep, est l'un des principaux exportateurs de gaz au monde. Elle tire des hydrocarbures plus de 95% de ses recettes extérieures. Ses réserves de gaz seraient de 16 milliards de m3 de gaz conventionnel et de 20 milliards de m3 de gaz non-conventionnel, d'après Sonatrach.

Avec AFP