Afrique du Sud : l'ex-président De Klerk critique le projet de retirer d'Oxford une statue du colonisateur de l'Afrique australe, Cecil Rhodes

L'ancien président sud-africain Frederik de Klerk à un forum économique à Libreville (Archives)

Le dernier président blanc d'Afrique du Sud a critiqué ce week-end la campagne qui cible l'université d'Oxford.

La campagne lancée au Royaume-Uni fait suite à celle qui a abouti au retrait en avril d'une autre statue de Rhodes de l'Université du Cap, en Afrique du Sud. Des étudiants y voyaient un symbole de l'oppression imposée par la minorité blanche qui a dominé l'Afrique du Sud jusqu'en 1994.

Le mouvement lancé en Grande-Bretagne reprend leur slogan "Rhodes doit tomber", en y ajoutant "à Oxford" .

"Si le politiquement correct devait être appliqué aujourd'hui de manière cohérente, peu de grandes figures d'Oxford passeraient la rampe", a écrit l'ancien président sud-africain et prix Nobel de la paix dans une lettre au quotidien The Times.

Parlant de "sottise", M. De Klerk, qui a joué un rôle important dans la chute de l'apartheid, ajoute que "nous ne commémorons pas les figures historiques pour leur capacité à satisfaire aux conceptions actuelles du politiquement correct mais pour leur véritable impact historique".

Cecil Rhodes (1853 - 1902), homme politique et magnat minier souvent décrit comme philanthrope, fut aussi éminemment raciste et un artisan de l'expansion coloniale de l'Empire britannique en Afrique australe.

"Mon peuple, les Afrikaners, a de bonnes raisons de détester Rhodes plus que quiconque. Il fut l'architecte de la guerre des Boers qui a eu un impact désastreux sur notre peuple", a ajouté M. De Klerk.

"Pourtant, le gouvernement du Parti national n'a jamais pensé retirer son nom de notre histoire", a-t-il dit dans une référence à son ancien parti.

Rhodes, qui fonda la De Beers, le géant du diamant, est aussi à l'origine d'une bourse qui porte son nom et permet à des étudiants de suivre une scolarité à Oxford.

Le collège d'Oriel, que décore la statue controversée, a déclaré la semaine dernière que les opinions du colonisateur étaient en totale opposition avec l'éthique actuelle du programme de bourses et de l'université d'Oxford.

Il a promis de procéder à "un exercice d'écoute" de six mois avant de décider du sort de la statue.

"Si Oriel trouve aujourd'hui Rhodes tellement répréhensible", écrit encore l'ex-président De Klerk, une solution honorable ne serait-elle pas de rendre son legs, intérêts compris, aux victimes de l'impérialisme britannique en Afrique australe"?

De son côté, le parti du leader populiste sud-africain Julius Malema a estimé dimanche que "la défense de la statue de Rhodes par De Klerk démontre qu'il ne mérite par le prix Nobel de la paix reçu en commun avec Nelson Mandela (en 1993, NDLR) parce que ses vues correspondent à un homme qui n'est pas repenti de l'apartheid".

Avec AFP