A Pékin, Kerry relance le dialogue sur le climat avec la Chine

John Kerry va appeler la Chine à "ne pas se cacher derrière l'affirmation qu'elle est un pays en développement".

L'émissaire américain pour le climat John Kerry a rencontré lundi son homologue Xie Zhenhua à Pékin, marquant ainsi la reprise du dialogue sur ce sujet entre les deux principaux pollueurs de la planète. Les deux hommes ont eu une réunion pendant quatre heures, selon la télévision d'Etat CCTV.

"Le changement climatique est un défi commun pour toute l'humanité", a commenté Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, interrogée lors d'un briefing régulier. La Chine "échangera avec les États-Unis sur les questions liées au changement climatique et travaillera avec eux pour relever les défis et améliorer le bien-être des générations actuelles et futures", a-t-elle ajouté.

Le dialogue sur le climat avait été interrompu il y a près d'un an: la Chine l'avait suspendu pour protester contre le déplacement à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis. L'ambiance semble désormais à la reprise des échanges, même si Washington veut afficher sa fermeté dans ce domaine.

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John Kerry va appeler la Chine à "ne pas se cacher derrière l'affirmation qu'elle est un pays en développement", pour minorer son engagement contre le changement climatique, a indiqué dimanche sur CNN le conseiller à la sécurité nationale du président américain, Jake Sullivan.

"Responsabilité"

"Chaque pays, y compris la Chine, a la responsabilité de réduire ses émissions", a déclaré M. Sullivan, et "le monde devrait encourager encore plus la Chine, voire faire pression sur elle, à prendre des mesures beaucoup plus radicales pour réduire ses émissions".

La deuxième économie mondiale "a encore du travail à faire dans ce domaine" et "M. Kerry insistera sur ce point lors de son déplacement à Pékin", où il est jusqu'à mercredi.

Ces derniers mois, les visites se sont multipliées depuis Washington pour réchauffer les relations diplomatiques: le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est venu en juin, puis la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen début juillet.

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La venue de M. Kerry, sa troisième depuis sa prise de fonction en 2021, survient au moment où l'impact du changement climatique se fait particulièrement sentir sur la planète, avec des vagues de chaleur dans de nombreuses régions du monde. L'administration Biden estime que le climat est l'un des domaines où les deux puissances, qui se livrent une concurrence féroce, peuvent coopérer.

"Détermination commune"

"La visite de M. Kerry et la reprise des échanges sur le climat soulignent l'importance cruciale des efforts coordonnés pour faire face à la crise climatique", explique Chunping Xie, chercheur principal à l'Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l'environnement. "Cela prouve également leur détermination commune à naviguer dans une relation géopolitique complexe pour promouvoir le bien commun", ajoute-t-elle, dans une réponse écrite à l'AFP.

Plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre – responsables du changement climatique –, la Chine a promis d'atteindre son pic d'émissions de CO2 d'ici à 2030, puis la neutralité carbone d'ici à 2060. Le président Xi Jinping a aussi assuré que son pays réduirait son recours au charbon dès 2026.

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Les autorités ont cependant donné leur feu vert en avril à une nouvelle hausse de la capacité de production d'électricité à partir du charbon, faisant planer le doute sur le respect de ses objectifs en matière de climat.

Qu'attendre de cette visite? "En termes de résultats spécifiques, une chose sur laquelle, je l'espère, des progrès pourraient au moins être faits est le plan d'action sur le méthane", indique à l'AFP Lauri Myllyvirta, analyste principal au Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre.

Le méthane était le principal sujet d'accord dans la déclaration conjointe des deux pays après les négociations climatiques de Glasgow en 2021. Mais aucun progrès significatif n'a été fait par la Chine depuis, estime Mme Myllyvirta, qui juge que Pékin pourrait "s'engager à atteindre un objectif plus ambitieux" dans ce domaine. "Mais il faudra plus qu'un déplacement de M. Kerry pour y parvenir".