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Ces Togolaises qui ont vécu un cauchemar dans les pays du Golfe


Marche pacifique de femmes à Lomé, Togo, 29 novembre 2013.
Marche pacifique de femmes à Lomé, Togo, 29 novembre 2013.

Les travailleuses togolaises dans les pays du Golfe vivent parfois un enfer. Dans un rare entretien, une Togolaise raconte sur VOA Afrique plusieurs mois de souffrance au Koweït.

Alima (nom d'emprunt) est une Togolaise de 27 ans. Pendant quatre ans, elle a exercé le métier de femme de ménage au Liban, puis au Koweït, pour un salaire moyen de 100.000 francs CFA. Travaillant de 15 à 20 heures par jour, ses conditions de travail ont balancé entre maltraitances et menaces d’emprisonnement.

Reportage de Kayi Lawson, à Lomé pour VOA Afrique
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Il y a cinq mois, Alima est finalement rentrée au Togo. Les larmes aux yeux, elle essaie de raconter son cauchemar. "C'était un travail d'esclave", confie-t-elle.

"Quand j'étais au Liban, je me levais vers 6 ou 7h, et j'allais me coucher à minuit", raconte la jeune femme, "Mais au Koweït, parfois, je ne pouvais pas aller me coucher avant 4h du matin".

"Je n'ai pas eu de salaire pendant trois mois au Koweït, et quand j'ai enfin obtenu mon salaire, mes patrons sont allés à la police, mentir, disant que j'avais battu leur enfant", explique-t-elle.

"La police est venue à la maison. Ils m'ont frappée, et m'ont amenée au commissariat", continue-t-elle.

Alima a eu de la chance de revenir au Togo, estime le comité de réflexion et d’action pour la promotion des droits de l’homme (CRAPH). Selon Dosseh Sohey, président du CRAPH, les Togolaises sont devenus des esclaves dans des pays du Golfe et travaillent pendant des années sans salaire.

"C'est l'esclavage moderne!", s'indigne Dosseh Sohey, "lorsque vous signez un contrat avec le patron, à la fin, il stipule que l'on vous paie pour tous les mois travaillés, mais souvent quand l'échéance arrive, on vous accuse de vol et on appelle la police".

Le 17 octobre dernier, la jeune Togolaise Amélie Sizing est décédée au Liban; une mort dont les parents ignorent la cause. Ayaba, grand frère d'Amélie, explique qu'ils ne savent pas ce qui s'est passé. Les parents ont " reçu un appel de leur fille qui disait qu'elle avait été menacée par son patron, car elle avait réclamé son salaire. Le contrat était épuisé, elle devait recevoir ses droits".

Peu de temps après, la famille apprend qu'Amélie est à l'hôpital de la Croix-Rouge. "Nous avons reçu un appel qui disait qu'elle était en traitement et que quand tout ira bien ils la renverraient au pays".

C'est une mort de trop pour le mouvement Martin Luther King qui a fait de ce sujet une de ses priorités. Pasteur Edoh Komi, président de ce mouvement surnommé "la voix des sans voix", interpelle les députés et la population togolaise.

"Nous avons demandé d'interpeller le ministre des Affaires étrangères", explique-t-il, "nous souhaitons qu'il recense les Togolaises qui sont dans cette situation et puis procéder à un rapatriement volontaire".

Alima décourage d’autres Togolaises qui veulent tenter leur chance au Moyen-Orient. "Ils ne vont jamais te dire ce qui se passe là-bas, avant de t'envoyer", prévient-elle.

Au vu des tournures dramatiques que prennent les évènements ces derniers mois, Lomé recommande une grande prudence aux candidates à l’immigration professionnelle dans les pays du Golfe.

Depuis plus de deux ans, le gouvernement togolais interdit le voyage des jeunes filles Togolaises au départ de l’aéroport de Lomé vers le Moyen-Orient pour des travaux domestiques.

Kayi Lawson, correspondante à Lomé

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