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Un mort et 6 blessés au Mozambique au cours d'attaques jihadistes présumées contre Anadarko


Une plateforme Andarko au Mozambique.
Une plateforme Andarko au Mozambique.

Une personne a été tuée et six blessées jeudi dans le nord du Mozambique au cours de deux attaques contre le groupe pétrolier américain Anadarko attribuées aux groupes djihadistes armés, selon un nouveau bilan de la compagnie.

Ces attaques sont les premières visant directement des "majors" qui préparent l'exploitation d'un gigantesque gisement de gaz au large des côtes de la province du Cabo Delgado, près de la frontière avec la Tanzanie.

Le premier raid s'est produit vers 15h00 GMT sur la route reliant Mocimboa da Praia à Palma, le quartier général des opérations gazières dans la région.

Des hommes armés ont bloqué la route et attaqué le convoi avec des armes à feu, ont indiqué à l'AFP des sources proches d'Anadarko ayant requis l'anonymat.

Le groupe américain a indiqué vendredi que six employés d'une entreprise contractante locale avaient été blessés, ajoutant que la vie d'aucun d'entre eux n'était en danger. Un précédent bilan faisait état de 4 blessés.

Anadarko a ensuite révélé avoir été victime d'une seconde attaque dirigée contre un convoi d'une entreprise locale costruisant un aérodrome pour ses opérations, tuant un ouvrier.

Depuis octobre 2017, un groupe djihadiste armé, désigné localement sous le nom de "al-shabab" ("les jeunes" en langue arabe) sème la terreur dans la province à majorité musulmane du Cabo Delgado, à la frontière avec la Tanzanie.

Ses raids contre les populations et les forces de l'ordre ont déjà tué près de 200 civils et contraint des milliers d'autres à quitter leurs villages, souvent incendiés ou détruits.

Le président mozambicain Filipe Nyusi a déployé de nombreux renforts dans la région, autant de l'armée que de la police, et promis de mettre ce groupe hors d'état de nuire, mais sans parvenir jusque-là à ramener l'ordre.

- 'Sécurité d'abord' -

Plusieurs ONG ont accusé les forces de sécurité d'exactions au cours de leurs opérations de sécurisation.

Cette insurrection inquiète les autorités de Maputo et de grands groupes pétroliers tels que les Américains Anadarko et Exxon ou l'Italien ENI, qui ont prévu d'investir des milliards de dollars pour y exploiter des gisements de gaz off-shore.

"La sécurité et le bien-être de nos personnels reste notre principale priorité", a déclaré Anadarko, "nous sommes en contact étroit avec les autorités pour que toutes les mesures soient mises en oeuvre afin d'assurer la protection de nos installations et de nos personnels".

Le groupe américain a récemment publié un appel d'offres en vue de l'acquisition de véhicules blindés.

Selon la presse locale, les futurs producteurs de gaz ont largement recours aux entreprises de sécurité privées pour assurer la protection de leurs activités.

"Ces attaques marquent un changement de tactique" des djihadistes, a relevé l'analyste Nick Branson, du cabinet Verisk Maplecroft. "Ces groupes montrent qu'ils ont les moyens et le souhait de s'attaquer aux entreprises internationales".

"En plus de perturber ses opérations à court terme, ces attaques pourraient retarder la décision finale d'investissement d'Anadarko", a poursuivi M. Branson.

En juin dernier, Anadarko avait déjà été contraint de suspendre ses activités dans la région et d'en évacuer ses salariés momentanément après un avertissement de l'ambassade américaine à Maputo faisant état d'une "probabilité d'attaques imminentes" des djihadistes.

Confronté à une conjoncture économique molle, et affaibli par un scandale de dette cachée à ses bailleurs, le gouvernement mozambicain espère encaisser ses premiers revenus gaziers significatifs dès 2023.

Les plus optimistes de ses membres espèrent de cette manne qu'elle multiplie par sept le revenu par habitant d'ici 2035.

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