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Libreville accueille un colloque sur les "Afro-descendants"


Des élèves se promènent dans une rue de Libreville, Gabon, 15 juin 2009.
Des élèves se promènent dans une rue de Libreville, Gabon, 15 juin 2009.

La capitale du Gabon Libreville accueille jusqu'à vendredi une rencontre sur les "Afro-descendants" qui explore la mémoire douloureuse de la traite atlantique, en présence notamment de l'écrivain guinéen Tierno Monénembo et de l'historien congolais Elikia M'Bokolo.

La rencontre s'inscrit dans le cadre de la "décennie internationale des personnes d'ascendance africaine 2015-2024", à savoir les descendants d'esclaves en Amérique, aux Antilles, à Cuba, au Brésil... Cette initiative proclamée par les Nations unies vise à reconnaître un "groupe dont les droits humains doivent être promus et protégés".

Cette rencontre a été organisée cette semaine par le Centre international des civilisations bantoues (Ciciba), établi à Libreville.

"Nous sommes 300 millions d'Afro-descendants dans le monde, qui avons été arrachés à la terre africaine par la traite négrière, et une grande partie de ces 300 millions porte encore les séquelles de cette traite négrière dans leur vie de tous les jours", a déclaré au journal en ligne GabonReview Marie Evelyne Petrus-Barry, la représentante du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Gabon.

Au fil des tables rondes, historiens, universitaires intellectuels et romanciers explorent aussi bien l'histoire locale de Libreville, créée en 1849 par les autorités françaises pour installer 52 esclaves libérés du navire négrier brésilien Elizia, que le vieux rêve d'une destinée commune entre les Africains et leurs cousins d'Amérique.

"Les Afro-Américains sont venus vers l'Afrique et les Africains, notamment dans les années 60 quand l'Afrique est devenue indépendante", souligne Tierno Monénembo, auteur d'une oeuvre saluée par la critique et couronnée en 2008 en France par le prestigieux prix Renaudot.

"Quand j'étais enfant, j'ai vu venir dans mon village des cars de Noirs américains en larmes. Je demandais à ma grand-mère ce qui se passait. Elle m'a parlé de l'esclavage et des Noirs qui avaient été déportés de l'autre côté de l'Atlantique. Cela m'a marqué. En grandissant, je me suis dit qu'il y a une partie de moi dans les Amériques", raconte-t-il à l'AFP.

Cette prise de conscience donnera naissance à deux romans d'un Africain cherchant des traces de son identité à La Havane ("Les coqs cubains chantent à minuit") et au Brésil: "Je me sens chez moi au Brésil. C'est mon pays".

Avec l'historien congolais Elikia M'Bokolo, l'écrivain guinéen insiste sur l'importance pour les descendants d'esclaves d'écrire eux-mêmes leur propre histoire: "La Négritude, ce n'est rien d'autre que cela. Par la poésie, Césaire, Senghor, Gontran Damas ont reconstitué une mémoire commune", rappelle M. Monénembo, regrettant que les écrivains actuels oublient parfois ce travail de mémoire pour se consacrer à des thématiques plus contemporaines.

"Lorsque le passé est bien étudié, on fait toujours un grand bond en avant", conclut à la tribune Elikia M'Bokolo, qui fait un rêve: "Vivement que la diaspora (des Afro-descendants) vienne à nous et partage la citoyenneté africaine. Nous avons besoin d'eux".

Avec AFP

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