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Simone Gbagbo jugée à partir du 31 mai pour crimes contre l'humanité en Côte d'Ivoire


L'ancienne Première dame au Palais de justice d'Abidjan, le 16 décembre 2014.
L'ancienne Première dame au Palais de justice d'Abidjan, le 16 décembre 2014.

L'ex-Première dame ivoirienne sera jugée à Abidjan pour crimes contre l'humanité lors de la crise post-électorale de 2010-2011.

Si le procès de l'ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo qui s'ouvre lundi 9 mai est une étape importante pour mettre fin à l'impunité, Amnesty International maintient que les autorités ivoiriennes doivent reconsidérer leur refus d'honorer leur obligation de la remettre à la Cour pénale internationale (CPI), conformément au mandat d'arrêt décerné à son encontre pour des accusations de crimes contre l'humanité.

Simone Gbagbo doit comparaître devant le tribunal le 9 mai à Abidjan pour des accusations de crimes contre l'humanité en lien avec les violences post-électorales de 2010-2011. Plus de 1 000 personnes ont été tuées au cours des violences qui ont éclaté lorsque son époux Laurent Gbagbo a refusé de quitter le pouvoir après avoir perdu une élection.

Appel aux autorités ivoiriennes au respect de la procédure

"À moins que la Côte d’Ivoire ne s'adresse à la Cour pénale internationale (CPI) pour contester une nouvelle fois la recevabilité de cette affaire, elle doit remettre sans délai Simone Gbagbo à la Cour", a déclaré Gaëtan Mootoo, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest pour Amnesty International dans un communiqué​.

"Si le procès au niveau national se poursuit, les autorités ivoiriennes doivent veiller à ce que la procédure respecte les normes internationales relatives aux droits humains, notamment le droit à un procès équitable. La Côte d’Ivoire doit faire savoir au reste du monde qu'elle est déterminée à rendre justice aux victimes de tous les crimes."

Protagoniste majeure de la crise, l'ancienne "Dame de fer" à la personnalité controversée, a déjà été condamnée à Abidjan en mars 2015 à 20 ans de prison, notamment pour "attentat contre l'autorité de l'Etat".

Elle est également poursuivie pour "crimes contre l'humanité" par la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye, où le procès s'est d'ailleurs rouvert lundi. Mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, affirmant être en mesure d'assurer une justice exemplaire sur le sol ivoirien.

Les avocats dénoncent un jury biaisé

Lors de l'audience de lundi à Abidjan, les avocats de Simone Gbagbo ont dénoncé la composition du jury.

"La liste des jurés est composée à 95% de personnes issues du Nord ou Malinkés (Mandingues) alors que Mme Gbagbo est poursuivie pour avoir fait tuer des gens issus du Nord. Si on nous dit que ça ne pose pas problème, je dis 'non'", a réagi auprès de la presse l'avocat de Mme Gbagbo, Me Ange Rodrigue Dadje, qui a fait état de "pressions" sur les jurés.

"C'est un procès politique. L'instruction a été complètement bâclée (...) Le pouvoir ivoirien veut que Mme Gbagbo soit condamnée, cette cour qui a été choisie sur mesure ne fera que (la) condamner", a-t-il poursuivi.

Lundi, les partisans de Mme Gbagbo ont montré ouvertement leur réprobation pendant la lecture de la liste des jurés, secouant la tête, levant les bras de dépit ou protestant avec des "encore" bruyants à l'énoncé de certains patronymes nordistes.

"C'est une dame de fer. Elle a été la Première dame, c'est normal qu'elle ait ses partisans", a estimé de son côté Me Coulibaly Soungalo, avocat des parties civiles, qui réclame "une justice pour les victimes qui ont longtemps souffert".

"Pour la Côte d'Ivoire, pour la réconciliation (...) il faut que les victimes sachent qu'il y a un jugement qui a permis de condamner des personnes qui ont commis des crimes", a-t-il souligné, ajoutant: "après, si l'Etat trouve dans le cadre de la réconciliation nationale que c'est nécessaire d'accorder des mesures de grâce...".

Inculpée par la CPI pour meurtres, viols, et persécutions

La crise postélectorale en Côte d'Ivoire est née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle de novembre 2010. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Simone Gbagbo est inculpée par la CPI de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, de viols, de persécutions et d'autres actes inhumains. Un mandat d'arrêt a été décerné à son encontre le 22 février 2012.

En 2014, la Chambre préliminaire de la CPI a rejeté une requête de la Côte d’Ivoire contestant la recevabilité de l'affaire, confirmée en appel en 2015. La Côte d'Ivoire a jusqu'à présent refusé de remettre Simone Gbagbo à la CPI.

L'époux de Simone Gbagbo, l'ancien président Laurent Gbagbo, et Charles Blé Goudé, allié de Gbagbo et leader d'un groupe de jeunes militants, sont actuellement jugés par la CPI pour crimes contre l'humanité en lien avec les violences post-électorales.

Avec AFP

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