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L'Allemagne fait un pas vers la déchéance de nationalité de jihadistes


Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière en conseil des ministres à Berlin, Allemagne, le 14 octobre, 2015.
Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière en conseil des ministres à Berlin, Allemagne, le 14 octobre, 2015.

Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a ouvert jeudi le débat sur la déchéance de nationalité de jihadistes binationaux en introduisant cette proposition controversée dans un catalogue de mesures élaboré après une série d'attaques en juillet en Allemagne.

"Les Allemands qui participent aux combats à l'étranger pour une milice terroriste et qui possèdent une autre nationalité doivent à l'avenir perdre leur nationalité allemande", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.

Au total 820 jihadistes ont quitté l'Allemagne pour la Syrie et l'Irak, selon un décompte au mois de mai des services secrets allemands. Près d'un tiers d'entre eux est déjà rentré en Allemagne et environ 140 autres ont été tués. Quelque 420 seraient ainsi encore en territoire syrien ou irakien.

Mais, de son propre aveu, le ministre conservateur va devoir travailler dur pour imposer cette mesure aux sociaux-démocrates, partenaires incontournables au sein du gouvernement de coalition de la conservatrice Angela Merkel.

"Ce sera un point difficile avec le SPD mais je pense que ça deviendra acceptable" à terme pour ce parti, a-t-il dit, se fixant comme objectif de faire adopter cette mesure et d'autres avant les législatives de l'automne 2017.

Le vice-chancelier et patron du SPD, Sigmar Gabriel, a déclaré au groupe de presse Funke être "prêt à discuter de tout ce qui peut contribuer à renforcer la sécurité", pourvu qu'il ne s'agisse pas "d'initiatives populistes précipitées".

"Pour l'essentiel, les diverses propositions du ministre de l'Intérieur ne sont pas nouvelles", a-t-il commenté.

La déchéance de nationalité avait été proposée aussi en France après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris avant d'être abandonnée sur fond de divisions politiques.

Parmi les autres mesures proposées jeudi par M. de Maizière à la suite de deux attaques fin juillet revendiquées par le groupe Etat islamique et qui auraient été commises par des migrants, la création du motif d'arrestation de "mise en danger de la sécurité publique" pour pouvoir placer en détention rapidement des étrangers suspectés de préparer des attaques. Il s'agira aussi selon le ministre d'accélérer les procédures d'expulsions.

Il compte placer aussi sous une seule direction les différentes forces spéciales allemandes pour qu'une seule "main puisse mettre à disposition" les forces nécessaires en cas d'attaque.

- Période électorale -

Enfin le ministre s'est opposé à une interdiction du port du voile intégral réclamé par certains responsables conservateurs : "on ne peut pas interdire tout ce qu'on rejette, et je rejette le port de la burqa".

L'Allemagne, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015, a été profondément choquée par l'attaque à la hache commise dans un train par un adolescent de 17 ans, probablement originaire d'Afghanistan, qui a fait cinq blessés, et un attentat qui a tué son auteur syrien et blessé 15 personnes à l'entrée d'un festival de musique.

Dans la foulée de ces attaques, la chancelière, qui avait ouvert grand les frontières aux réfugiés, a vu sa popularité plonger de 12 points à 47% d'opinion favorable, selon un sondage début août.

Son part, la CDU, se voit désormais concurrencé sur sa droite, à un an des législatives, par les populistes au discours anti-migrants de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Par ailleurs, des scrutins régionaux sont prévus en septembre d'abord en Mecklembourg-Poméranie-Antérieure, fief électoral d'Angela Merkel mais aussi bastion de l'extrême-droite, puis l'élection du maire de Berlin.

M. de Maizière a aussi proposé jeudi de gonfler les effectifs de la police "dans les prochaines années de plusieurs milliers de personnes", d'investir dans les technologies de reconnaissance faciale, de fonder un office central chargé de lutter "contre la criminalité et le terrorisme sur internet', notamment "les communications entre terroristes" et "le commerce illégal d'armes" sur le Darknet.

Toujours en juillet, un déséquilibré inspiré par le tueur norvégien d'extrême-droite Anders Behring Breivik, a abattu neuf personnes avant de se donner la mort à Munich. Celui-ci avait acheté son arme sur le Darknet, cet internet parallèle prisé des trafiquants en tous genres.

Avec AFP

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