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Fermeture de l'aéroport d'Abuja : les compagnies aériennes boudent les détours proposés


Un avion est aperçu, de lion, sur le tarmac de l’aéroport international d’Abuja, 5 décembre 2013
Un avion est aperçu, de lion, sur le tarmac de l’aéroport international d’Abuja, 5 décembre 2013

Les compagnies aériennes internationales refusent d'emprunter l'itinéraire alternatif qui sera mis en place pendant la fermeture du seul aéroport desservant Abuja, la capitale du Nigeria en mars, obligeant les voyageurs à faire de longs et coûteux détours.

L'aéroport international Nnamdi Azikiwe d'Abuja fermera complètement ses portes à partir du 8 mars pour permettre la réparation de la piste d'atterrissage. Les vols intérieurs et internationaux seront détournés vers Kaduna, à 170 km au nord.

Selon le secrétaire d'Etat à l'Aviation, Nnamdi Azikiwe, les travaux qui dureront six semaines sont nécessaires car la piste construite en 1982 et prévue pour une durée de vie de 20 ans, est aujourd'hui "défaillante" et "dangereuse".

Selon des médias locaux, d'énormes nids-de-poule sur le tarmac endommageaient les avions lors de l'atterrissage.

Mais Lufthansa, Air France et South African Airways ont déjà déclaré qu'elles ne détourneraient pas leurs vols en provenance de Francfort, Paris et Johannesburg, vers Kaduna ou ailleurs au Nigeria.

British Airways et Turkish Airlines n'ont pas encore annoncé leur décision, mais ont toutes deux suspendu les ventes de billets à destination d'Abuja durant la période de fermeture.

La fermeture de l'aéroport de la capitale est "hautement symbolique", estime Malte Liewerscheidt, analyste Afrique au cabinet de conseil en risque et stratégie Verisk Maplecroft.

Le Nigeria - pays le plus peuplé d'Afrique - traverse l'une des pires crises économiques de son histoire, couplée à une inflation qui frôle les 20% et à une chute de sa monnaie locale, qui ont fait fuir les investisseurs étrangers.

"Vous avez un gouvernement qui ne maintient même pas l'aéroport de sa capitale ouvert" affirme M. Liewerscheidt à l'AFP. "Cela soulève beaucoup de questions pour les investisseurs".

- Pas d'alternative -

La directrice de l'aéroport de Kaduna, Amina Ozi Salami, assure que la piste est "100% meilleure" qu'à Abuja. Mais l'état de la piste n'est pas la question, selon les analystes.

Pour Gillian Parker, analyste nigérian au cabinet de conseil Control Risks, les compagnies étrangères qui refusent de modifier leur itinéraire ne considèrent pas Kaduna comme une "alternative crédible".

Les travaux de construction d'un terminal, qui avaient été abandonnés en mai 2015, ont redémarré et seront terminés - si l'entrepreneur est payé - au début du mois prochain, selon la directrice Mme Salami.

Parallèlement, des espaces sont en train d'être aménagés pour stocker du carburant tandis que le gouvernement local s'efforce d'améliorer l'éclairage public entre la ville et l'aéroport, affirme-elle.

Les autorités ont promis de renforcer la sécurité 24 heures sur 24, ainsi que des services de navette jusqu'à la gare, d'où les trains relient Abuja deux fois par jour.

Des questions demeurent sur la façon dont Kaduna gèrera l'afflux de passagers sur les vols intérieurs, notamment pour ceux en transit vers d'autres villes comme la capitale économique Lagos ou le hub pétrolier Port-Harcourt, dans le sud.

"Les annulations et les retards associés aux compagnies aériennes nationales, actuellement à court de financement, ne devraient pas s'atténuer au cours de cette période", affirme Gillian Parker, de Control Risks.

"L'aéroport de Kaduna, dans son état actuel, est mal équipé, fonctionne sans services automatisés et aura probablement du mal à faire face à l'augmentation du trafic."

- Risques sécuritaires -

Il est difficile d'évaluer combien d'argent Abuja pourrait perdre à cause de cette fermeture. Mais le président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Abuja, Tony Ejinkeonye, estime que tous ceux dont l'activité est liée à l'aéroport seront "très affectés".

Les compagnies aériennes sont souvent la seule option possible pour voyager au Nigeria, à cause d'infrastructures routières en mauvais état et de conditions de sécurité peu sûres.

Les automobilistes ont été la cible de plusieurs enlèvements sur l'axe Abuja-Kaduna, tandis qu'une série de violents affrontements intercommunautaires ont secoué l'Etat de Kaduna ces derniers mois.

Et malgré l'engagement du gouvernement à renforcer la sécurité sur la route, les contraintes liées au nouvel itinéraire pourraient dissuader certains voyageurs. Davantage de contrôles allongera le temps des trajets, et les coût.

La Société nigériane des chemins de fer a quant à elle déjà augmenté ses tarifs de 25% sur l'itinéraire Kaduna-Abuja.

Avec AFP

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