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Dans un archipel miné par la pauvreté, les Sao-Toméens élisent leur président


José Maria Neves et le premier ministre Patrice Trovoada, lors d'une rencontre à Sao Tomé-et-Principe, le 22 février 2016. (Óscar Medeiros/VOA)
José Maria Neves et le premier ministre Patrice Trovoada, lors d'une rencontre à Sao Tomé-et-Principe, le 22 février 2016. (Óscar Medeiros/VOA)

Quelque 111.000 électeurs votaient dimanche pour élire le prochain président de Sao Tomé-et-Principe avec pour enjeu la lutte contre la pauvreté qui mine le petit archipel au risque de compromettre la tranquillité qui le distingue d'autres pays d'Afrique centrale.

Le président sortant Manuel Pinto da Costa, 79 ans, a trempé son doigt dans l'encre -preuve de sa participation électorale- dans un bureau de vote d'un quartier en bord de mer vers midi (même heure GMT).

"Nous avons fait des progrès très importants en termes de démocratie. Mais il faut vraiment que le pays rentre dans un processus de développement", a déclaré à la presse le président, candidat à un second mandat à la tête d'un pays où les deux-tiers des 195.000 habitants sont pauvres.

"Si on n'arrive pas à résoudre les problèmes de la population, cela peut empêcher la démocratie de se consolider", a ajouté l'économiste de formation.

Manuel Pinto da Costa se présente face à Evaristo Carvalho, de fait le candidat du charismatique Premier ministre Patrice Trovoada, qui détient déjà le pouvoir dans cette ancienne colonie portugaise où le président arbitre mais ne gouverne pas.

Vainqueur des législatives en 2014, M. Trovoada, 54 ans, souhaite sonner l'heure de la retraite de M. Pinto da Costa pour travailler avec un président de son parti, l'Adi, espérant ainsi gagner en "cohérence" dans la prise de décision.

Le président sortant pour sa part dit vouloir éviter cette " concentration des pouvoirs ", lui qui avait instauré un régime marxiste-léniniste à parti unique lors de l'indépendance en 1975, avant de se convertir à la démocratie après la chute du mur de Berlin.

"Il veut en finir avec moi"

"Pinto da Costa dit qu'il veut en finir avec la pauvreté. En fait il veut en finir avec moi, ensuite avec mon parti et enfin avec le peuple", a lancé vendredi Patrice Trovoada lors d'un dernier meeting devant des milliers de personnes, abondamment relayé par la télévision publique toute acquise à sa cause.

Populaire -voire "populiste" pour ses détracteurs-, Patrice Trovoada se targue d'être au mieux avec les présidents du continent tout proche, de Macki Sall (Sénégal) à Dos Santos (Angola) en passant par Ali Bongo (Gabon).

Ce combat des chefs - Patrice Trovoada est le fils d'un autre héros de l'indépendance, Miguel, contraint à l'exil en France par Manuel Pinto da Costa- pourrait être arbitré par une troisième candidate d'importance, l'ex-Premier ministre Maria das Neves.

Les résultats du premier tour seront connus vers 22H00, avec un second tour si aucun candidat n'a la majorité.

Le développement est l'enjeu principal à Sao Tomé où les vieilles bâtisses coloniales tombent doucement en décrépitude faute d'entretien, le long de chaussées défoncées et peu éclairées la nuit.

L'actuel Premier ministre se targue de raccorder d'ici deux ans 100% de la population à l'électricité et l'eau potable.

A moins de deux heures d'avion de villes africaines en plein essor (Luanda, Lagos), le pays ne manque pas d'atouts avec des productions agricoles parmi les meilleures du monde (cacao, café), un potentiel touristique et des prospections pétrolières off shore en partenariat avec des entreprises étrangères.

La position stratégique de l'île au coeur du golfe de Guinée a conduit la radio Voix de l'Amérique à installer près de la capitale une base et des antennes, au risque de susciter chez certains habitants des questions sur leur rôle réel.

Le FMI a salué une croissance moyenne de 4% depuis 2012 et une inflation en forte baisse. Reste que Sao Tomé dépend toujours de l'aide internationale à 90% pour ses besoins vitaux. "Nous ne couvrons que 10% de nos besoins", s'afflige une figure de la société civile, qui déplore aussi des détournements réguliers de l'aide internationale.

Avec AFP

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