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Des volontaires "en guerre contre le sida" testent un vaccin expérimental en Afrique du Sud


Des militants manifestant à Durban, le 18 juillet 2016, lors de la conférence international sur le sida.
Des militants manifestant à Durban, le 18 juillet 2016, lors de la conférence international sur le sida.

Un peu d'appréhension mais surtout beaucoup d'espoir. Les premiers volontaires ont reçu mercredi en Afrique du Sud une injection d'un vaccin expérimental contre le sida qui, en cas de succès, ferait faire un bond en avant à la lutte contre l'épidémie.

Au coeur du township de Soshanguve, dans le nord de la capitale Pretoria, "Jane" est l'une des premières à participer à cet essai clinique à grande échelle. Très fière de monter en première ligne du combat contre le virus VIH.

"Je connais des gens qui sont séropositifs, j'en connais qui sont morts à cause du VIH, certains étaient de ma famille. C'est pour eux que je suis là", confie l'étudiante de 21 ans, dont le nom doit rester caché pour respecter les règles éthiques du test.

"Je veux changer les choses pour ma communauté et pour mon pays", assure-t-elle.

Baptisée HVTN 702, l'étude qui a débuté au centre de recherches de Soshanguve et dans quatorze autre sites du pays est l'une des plus ambitieuses engagées ces dernières années contre le virus.

"C'est une étape importante", souligne le Dr Larry Corey, du Réseau d'essais des vaccins contre le VIH (HVTN). "Cette étude va nous fournir d'importantes données pour développer un vaccin qui permettra de prévenir l'infection et d'enrayer l'épidémie."

Le "candidat" testé depuis mercredi est tiré d'une souche testée il y a sept ans en Thaïlande et qui a permis de réduire de 31,2% le taux d'infection. Encourageant, mais insuffisant.

Ce vaccin a donc été dopé et amélioré et sera cette fois testé pendant les quatre prochaines années sur 5.400 Sud-Africains, hommes et femmes, âgés de 18 à 35 ans.

Dans le township de Soshanguve, la campagne de recrutement de ces volontaires a suscité quelques réticences.

"Les gens qui voulaient participer étaient inquiets de ce qui serait fait de leurs échantillons de sang", explique Mmapule Raborife, en charge de l'information de la population. "Nous leur avons montré une vidéo d'explication et ils ont fini par accepter".

- 'Donner de l'espoir' -

Pour rassurer, les scientifiques ont aussi dû tordre le coup à certaines idées reçues.

"Ce vaccin ne contient pas de véritable morceaux du VIH", insiste l'une d'elles, le Dr Mookho Malhalela. "Il est constitué de copies synthétiques qui ressemblent au VIH pour pouvoir susciter une réponse immunitaire et des anticorps."

Et la perspective de pouvoir enfin trouver un remède à la maladie a achevé de convaincre les plus circonspects.

"Il est important (...) de donner de l'espoir aux gens, cela fait trente-cinq ans que nous sommes là-dedans", insiste Mmapule Raborife, "tout le monde n'attend plus que ce vaccin".

L'Afrique du Sud est l'un des pays les plus touchés au monde par le fléau du VIH, avec un taux de prévalence de 19,2%. Chaque jour, un millier de personnes sont contaminées.

Les traitements antirétroviraux (ARV) ont permis de ralentir l'épidémie et d'augmenter significativement l'espérance de vie des malades. Mais ils ne sont encore accessibles qu'à une petite moitié de la population sud-africaine déjà infectée.

"La mise au point d'un vaccin est essentielle pour l'Afrique du Sud (...), nos méthodes de prévention ne fonctionnent pas assez bien", regrette Glenda Gray, qui participe à l'étude et dirige le Conseil national sud-africain de la recherche (NRCSA).

"La lutte contre le VIH, c'est un peu comme une guerre", ajoute-t-elle. "Nous avons déjà des pistolets, des balles, des grenades. Le vaccin serait un char d'assaut. Pour combattre le VIH, nous avons besoin de tout l'arsenal."

Même s'ils sont réticents à afficher leurs objectifs, les chercheurs espèrent que le taux d'efficacité de leur vaccin prototype atteindra au moins le seuil de 50%.

"Si ce vaccin est considéré comme suffisamment efficace, il faudra alors entre cinq et dix ans pour développer sa production", pronostique le Pr. Gray, "et nous aurons besoin d'argent".

Bien loin de cet éventuel succès, "Jane" se prépare à recevoir ses premières injections. "Je n'ai peur ni des piqûres, ni du VIH", lâche-t-elle, bravache. "Il n'existe pas encore de remède, alors nous devons continuer à nous battre".

Avec AFP

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