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Washington veut vendre des frégates à Taïwan, malgré la colère de la Chine


Le Pentagone, près de Washington
Le Pentagone, près de Washington

Les Etats-Unis veulent vendre à Taïwan pour 1,8 milliard de dollars d'armes. Cette décision ne remet pas en cause quatre décennies de la politique américaine d'"une seule Chine" mais a déjà provoqué la colère de Pékin.

Il s’agit d’un important contrat d’armes qui, outre les deux "frégates de type Perry, comprend des missiles antichars, des véhicules amphibie" ainsi que divers systèmes électroniques de guidage et des "missiles sol-air Stinger", a détaillé le porte-parole du bureau des affaires politico-militaires du ministère des Affaires étrangères, David McKeeby.

Conformément à la procédure juridique habituelle américaine, "l'administration a notifié au Congrès aujourd'hui la vente d'un ensemble d'armes défensives à Taïwan pour 1,83 milliard de dollars", a notifié à quelques journalists McKeeby.

Cette requête formelle du gouvernement démocrate attend sous 30 jours le feu vert du Congrès républicain, qui devrait être accordé sans hésitation, vu l’enthousiasme que suscite la transaction d’armes parmi les officiels américains .

Pour McKeeby, ces ventes d'armes à Taïwan, que les Etats-Unis, à l'instar de presque toute la communauté internationale, ne reconnaissent pas officiellement, sont "motivées par la Loi sur les Relations avec Taïwan (de 1979, Ndlr) et fondées sur une évaluation des besoins de Taïwan en matière de défense", a argumenté M. McKeeby.

Quant au sénateur républicain et président de la commission des Forces armées, John McCain, il a exprimé son "fort soutien" à une "nouvelle vague de ventes d'armes à Taïwan". C'est "une décision qui correspond (...) à notre intérêt national à aider le gouvernement démocratique à Taipei pour qu'il préserve la stabilité de part et d'autre du détroit de Taïwan", a insisté le candidat républicain à la présidentielle de 2008. Le représentant démocrate Eliot Engel a même regretté que la "dernière" vente d'armes à Taipei remonte à quatre ans:

"Il ne faut pas que notre relation avec la République populaire de Chine (RPC) se fasse au détriment de notre amitié avec le peuple de Taïwan ou de notre implication pour la défense de Taïwan", a-t-il plaidé.

Cette vente de multiples équipements de défense intervient dans un contexte de rapprochement entre la Chine communiste et l'île de Taïwan nationaliste séparées depuis 1949, mais aussi des inquiétudes de Washington qui accuse Pékin de "militariser" une partie de la mer de Chine.

Les Etats-Unis s'alarment aussi depuis des mois des ambitions territoriales maritimes de Pékin en mer de Chine méridionale et orientale. Elles alimentent des contentieux avec les voisins de la Chine en Asie orientale.

Pékin a entrepris d'énormes opérations de remblaiement d'îlots, transformant des récifs coralliens en ports, pistes d'atterrissage et infrastructures diverses. Le secrétaire d'Etat John Kerry avait fustigé en août une "militarisation" entreprise par la Chine.

Bien que la diplomatie américaine ait réaffirmé mercredi qu'il n'y avait "pas de changement à la politique de longue date d'une seule Chine", Pékin, la Chine ne s’était pas retenue de manifester, cette semaine, sa "ferme opposition". Alors que l'information sur les frégates avait filtré, elle avait prévenu Taïwan du risque de mise en péril des relations entre les deux pays à l'histoire tumultueuse et séparés par le détroit de Taïwan.

"La Chine exhorte avec force la partie américaine à prendre sérieusement conscience de l'extrême sensibilité et des graves dommages des ventes d'armes à Taïwan", avait martelé le porte-parole de la diplomatie chinoise, pressant l'Amérique d'y "mettre fin".

Pékin considère depuis 1949 Taïwan comme lui appartenant et n'a pas renoncé à la réunification, par la force si nécessaire. Les relations se sont toutefois apaisées avec l'élection en 2008 du président taïwanais Ma Ying-jeou.

Ce dernier et le président chinois Xi Jinping ont tenu un sommet historique le 7 novembre. Il s'agissait de la première rencontre entre dirigeants des deux régimes depuis la proclamation par Mao Tsé-toung de la RPC en 1949, quand les nationalistes du Kuomintang s'étaient réfugiés à Taïwan.

Mais des deux côtés de l'échiquier politique aux Etats-Unis, on fait visiblement fi de la colère du rival chinois, deuxième puissance mondiale.

Pour riposter par avance aux critiques, le département d'Etat et le Pentagone ont assuré que "la politique de longue date de ventes d'armes à Taïwan" a été le fait de "six administrations américaines différentes" depuis que les Etats-Unis se sont spectaculairement rapprochés de la Chine communiste au début des années 1970, sous la présidence du républicain Richard Nixon, avant d'établir des relations diplomatiques en 1979.

Avec AFP

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