La ville d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, est passée fin juillet sous le contrôle de la coalition jihadiste Tahrir al-Cham, menée par Fateh al-Cham, un groupe autrefois connu sous le nom de Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda. Mais les pays occidentaux continuent à considérer le groupe comme "terroriste".
Cette victoire face à un autre groupe rebelle lui permet de dominer l'une des dernières provinces échappant au régime de Damas. Il contrôle notamment la capitale provinciale et le lucratif passage frontalier avec la Turquie de Bab al-Hawa, où il collecte les taxes douanières sur les produits importés.
"L'EI est peut-être la plus grande menace terroriste, mais al-Qaïda en Syrie nous inquiète. C'est la branche la plus importante au monde en ce moment", a expliqué Joshua Geltzer, ancien responsable de la lutte anti-terroriste à la Maison Blanche. Le réseau extrémiste est notamment présent au Maghreb, au Mali et au Yémen.
Il était invité avec d'autres spécialistes par le centre de réflexion New America à Washington, qui a publié un rapport sur les menaces terroristes actuelles contre les Etats-Unis.
Selon eux, al-Qaïda a simplement de nouveau changé de nom et se positionne comme plus modéré que le groupe Etat islamique. Tahrir al-Cham a renforcé son contrôle sur la province d'Idleb, éliminé ou absorbé des groupes rebelles rivaux, et modernisé sa propagande sur internet en utilisant le modèle de l'EI.
L'internationale jihadiste, qui avait perdu de l'influence après la mort d'Oussama ben Laden "semble avoir plus de vies qu'un chat", a lancé Daveed Gartenstein-Ross, chercheur à la Fondation pour la défense des democraties.
Selon lui, al-Qaïda est "beaucoup plus fort" qu'en 2010, quand sa faiblesse avait contribué à l'ascension de l'EI.
L'organisation "s'est intelligemment éloignée de l'EI, afin de se faire passer pour des 'jihadistes modérés', des gens qu'on aime pas forcément mais avec qui on peut traiter", a ajouté Gartenstein-Ross, soulignant que le groupe bénéficiait du soutien d'une partie de la population syrienne et dans certains Etats du Golfe.
Avec AFP