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Meurtre de l'opposant russe Nemtsov: 11 à 20 ans de prison pour les cinq accusés


Les cinq accusés dans la cour de Justice de Moscou, le 27 juin 2017.
Les cinq accusés dans la cour de Justice de Moscou, le 27 juin 2017.

Les cinq Tchétchènes reconnus coupables du meurtre en février 2015 de l'opposant russe Boris Nemtsov ont été condamnés à des peines de 11 à 20 ans de prison par un tribunal de Moscou après un procès qui n'a cependant pas permis de retrouver le commanditaire.

L'homme qui a tiré quatre balles sur Boris Nemtsov, Zaour Dadaïev, a été condamné à 20 ans de prison tandis que ses quatre co-accusés, tous originaires des républiques musulmanes de Tchétchénie et d'Ingouchie, écopent de peines allant de 11 à 19 ans "à régime sévère".

La détention à "régime sévère" implique moins de promenades, de visites de proches ou de correspondances qu'en régime "normal". Tous devront également payer une amende de 100.000 roubles (1.450 euros) tandis que Zaour Dadaïev, ancien militaire russe, a été dégradé et s'est vu retirer sa médaille de l'ordre du Courage.

Les accusés souriaient et discutaient entre eux quand le juge a énoncé son verdict alors que certains de leurs proches, présents dans la salle, pleuraient.

L'un des accusés, Temirlan Eskerkhanov, a tracé à la buée le mot "mensonge" sur la vitre du box.

Ils avaient été reconnus coupable le 29 juin à l'issue d'un procès en assises, le tribunal estimant alors qu'ils "ne méritent aucune indulgence". Les jurés ne devaient toutefois se prononcer que sur la culpabilité des accusés.

Zaour Dadaïev, Chadid et Anzor Goubachev, Temirlan Eskerkhanov et Khamzat Bakhaïev, étaient jugés depuis octobre 2016 pour le meurtre de Boris Nemtsov, un des principaux opposants au président Vladimir Poutine, abattu le 27 février 2015 à deux pas du Kremlin.

Selon le Comité d'enquête, institution judiciaire chargée des principales investigations criminelles, les prévenus s'étaient vu offrir en septembre 2014 une récompense de 15 millions de roubles, soit plus de 200.000 euros au taux actuel, pour perpétrer ce meurtre.

Tous avaient plaidé non coupable et leurs avocats ont annoncé leur intention de faire appel du jugement.

Un sixième homme, tchétchène également, Rouslan Moukhoudinov, identifié en décembre 2015 comme le commanditaire présumé du crime, est toujours recherché par la police.

Dans un communiqué, le Comité d'enquête a indiqué que "l'enquête continue" et qu'un mandat de recherche international a été lancé pour retrouver Rouslan Moukhoudinov.

'La piste remonte à Grozny'

"Que la piste remonte jusqu'à l'entourage proche de Ramzan Kadyrov ne fait aucun doute. Les pistes mènent au moins à Grozny (la capitale de la Tchétchénie, ndlr) et peut-être plus haut", a déclaré aux journalistes l'avocat de la famille Nemtsov, Vadim Prokhorov.

Des proches de Boris Nemtsov ont à plusieurs reprises accusé l'entourage de l'autoritaire dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, voire M. Kadyrov lui-même, d'être responsable de son assassinat, mais la justice a refusé de convoquer le président tchétchène en qualité de témoin.

"Aucun verdict ne sera satisfaisant parce qu'il ne fera pas revenir Boris. Mais dans un sens, peut-être que la justice a malgré tout triomphé", a déclaré aux journalistes à l'issue du verdict un des ses plus proches alliés politiques, Ilia Iachine, ajoutant qu'il est "impossible de fermer le dossier tant que le commanditaire n'aura pas été arrêté".

Le meurtre de Boris Nemtsov, l'une des principales et plus charismatiques figures de l'opposition russe, avait provoqué une onde de choc en Russie et la consternation à travers le monde.

Après avoir été jeune gouverneur libéral de la région de Nijni-Novgorod, la troisième ville de Russie à 400 km à l'est de Moscou, sous la présidence de Boris Eltsine, il avait été nommé au gouvernement en 1997, incarnant la génération des jeunes ministres réformateurs de la Russie post-soviétique.

De mars 1997 à août 1998, il avait occupé le poste de vice-Premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, ce qui lui a valu, une fois dans l'opposition après l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, d'être accusé de liens avec les oligarques ayant profité de la vague de privatisations des années 1990.

Lors de la contestation sans précédent de 2011-2012, il s'était imposé comme l'un des chefs de file de l'opposition libérale avec le militant anticorruption Alexeï Navalny.

Coprésident du parti d'opposition RPR-Parnas, Boris Nemtsov avait été élu en 2013 député au parlement de Iaroslavl, petite ville à quatre heures de route de Moscou.

Avec AFP

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