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Les dissidents vietnamiens donnent de la voix avant la venue d'Obama


Cette affiche montre le président américain Barack Obama à Hanoi, au Vietnam, le 22 mai 2016.
Cette affiche montre le président américain Barack Obama à Hanoi, au Vietnam, le 22 mai 2016.

Cet événement culturel faire figure d'acte politique. Samedi, quelques dissidents ont donné de la voix pour questionner leurs libertés.

"Sommes-nous libres, sommes-nous vraiment libres?": samedi, quelques dissidents, ont défié le pouvoir vietnamien en organisant à Hanoi un concert secret. Un acte de résistance dans l'espoir de faire pression avant la venue de Barack Obama dans ce pays communiste.

Sur scène, dans une petite maison de la capitale vietnamienne, où le président américain arrive lundi matin: Mai Khoi, pop star et militante prodémocratie.

La question, posée à la fin d'une ballade aux accents de blues, est une interrogation rhétorique au Vietnam, pays à parti unique, qui continue à réprimer toute manifestation, à opprimer les opposants et où les syndicats sont interdits.

Alors pour les dissidents, la venue du président américain dans le pays pour trois jours représente un espèce de liberté intéressant.

Les États-Unis, un allié démocratique

D'autant plus que les liens entre les deux anciens pays ennemis sont aujourd'hui très forts. Et Hanoï, qui veut s'imposer face à la Chine et sa posture offensive dans la région, regarde de plus en plus vers les Etats-Unis.

"Les deux pays sont devenus l'un pour l'autre des partenaires indispensables", affirme Jonathan London, spécialiste du Vietnam à la City University de Hong Kong.

"Cela est rapidement devenu l'une des relations les plus importance dans la région", ajoute-t-il.

Pour les dissidents du Vietnam, dont beaucoup sont également de fervents critiques de la Chine, cette proximité est complexe à gérer.

Hanoi se rapproche de cet allié démocratique puissant admiré par un grand nombre de Vietnamiens, notamment les plus jeunes. Et les dissidents craignent que cela se fasse au détriment de leur combat pour la démocratie, jusqu'ici soutenu par Washington.

A l'approche de la venue d'Obama, les spéculations quant à une possible levée total de l'embargo sur les armes ont enflé.

Washington a toujours soutenu que cette question était liée à des changements sur le plan du respect des droits de l'Homme. Mais jusqu'à quand, se demandent les militants prodémocratie.

Le concert de Mai Khoi, celle qui est surnommée la Lady Gaga du Vietnam pour ses tenues excentriques et son franc-parler, s'est tenu dans une petite maison et était seulement ouvert sur invitation.

Il y a deux semaines, les autorités ont interdit l'un de ses concerts. Elle est dans le collimateur du régime depuis sa tentative de candidature pour les législatives qui se tiennent dimanche. En tout, près de 100 candidats indépendants avaient déposé, en vain, un dossier de candidature.

Elle espère qu'Obama "utilisera sa dernière chance pour pousser le gouvernement" à concrétiser leurs engagements, avant d'insister sur l'immense contrôle des autorités dans le pays.

Elle rappelle ainsi qu'elle est tenue de demander une permission avant de chanter et de faire valider les paroles des chansons.

"Je chante avec mon coeur, alors pourquoi dois-je demander une autorisation?"

Répression avant les élections

Quelques heures avant l'arrivée d'Obama, des haut-parleurs dans les rues d'Hanoï incitaient les gens à aller exercer leur "droit de vote" pour les législatives de dimanche.

Plusieurs militants qui avaient appelé au boycottage du scrutin dénoncent les actions des autorités pour les faire taire.

"Les autorités ont assigné à résidence des militants et autorisé des personnes et policiers en civil à s'en prendre brutalement à des citoyens", a expliqué Huynh Ngoc Chenh, bloggeur qui n'a pas le droit de quitter sa maison d'Ho Chi-Minh-Ville (sud) pour les dix jours à venir.

Pour Pham Doan Trang, également blogueuse, la relation entre les deux pays est trop "unilatérale".

"Il me semble que le gouvernement américain a beaucoup donné aux Vietnamiens ces dernières années mais le gouvernement vietnamien a peu fait en retour", dit-elle.

Le pays communiste a été prompt à suivre les Etats-Unis et leur initiative d'accord de libre-échange transpacifique (TPP). Mais pour certains, sur la partie du respect des droits de l'Homme, les autorités ont donné un accord de façade.

Pour Nguyen Quang A, ancien banquier aujourd'hui militant prodémocratie, la visite du président américain est peut-être une occasion de faire bouger les choses.

"J'aimerais qu'Obama persuade ses partenaires (vietnamiens) d'améliorer les droits de l'Homme et mettre un terme à l'écart qui existe entre les promesses et les actions".

Avec AFP

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