Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Après 33 ans d'absence, le Maroc de retour dans l'Union africaine


Le roi du Maroc Mohammed VI à droite, parle avec le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à Casablanca, Maroc, le 10 octobre 2016
Le roi du Maroc Mohammed VI à droite, parle avec le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane à Casablanca, Maroc, le 10 octobre 2016

Le retour du Maroc au sein de l'Union africaine (UA) a été salué à Rabat comme une victoire "historique", mais elle pose dès à présent la question de la cohabitation forcée entre le royaume et le Front Polisario au sein de l'organisation continentale.

Le Maroc avait claqué la porte de l'UA en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par les indépendantistes du Front Polisario au Sahara occidental, ex-colonie espagnole que Rabat contrôle et considère comme sien.

Réunis en sommet à Addis Abeba, les chefs d'Etat africains ont entériné lundi la réintégration du royaume, à huis clos et à l'issue d'un débat tendu.

Trente-neuf pays (sur 54) se sont prononcés pour une réadmission sans condition, malgré l'opposition et les réserves exprimées par une dizaine d'autres membres, Algérie et Afrique du Sud en tête, traditionnels soutiens du Front Polisario.

"Décision historique", "Retour victorieux", "Merci Majesté!", "Joli coup pour le Maroc"... La réaction de la presse marocaine a été unanime. La très officielle agence MAP a multiplié les interviews "d'experts" sur la "vision stratégique" du royaume, ou de ministres africains souhaitant la "bienvenue" au Maroc, "de retour dans sa famille africaine".

Les télés ont diffusé en boucle les images de la délégation marocaine à Addis Abeba, conduite par le ministre des Affaires étrangères Salahedinne Mezouar, triomphante et entonnant tout sourire l'hymne national au piano d'un grand hôtel.

Dans les rues de Rabat, pas d'effusion de joie ou de liesse populaire depuis lundi soir mais le sentiment que le pays a retrouvé sa place "naturelle" sur le continent, selon la plupart des personnes interrogées par l'AFP.

"Le Maroc n'avait jamais coupé les liens avec ses origines africaines, il a toujours appelé à l'union des pays africains et arabes. Aujourd'hui, nous avons réussi à concrétiser cet esprit d'unité", se félicite Abdelatif Tighazouane, étudiant de 25 ans, interrogé sur le boulevard Mohammed-V, la grande artère du centre-ville.

"Ce retour du Maroc à l'UA aurait dû se faire depuis bien longtemps. Le pays retrouve maintenant sa place de leadership politico-économique", estime Mohamed Alaoui, retraité.

"C'est une opportunité pour le Maroc de reprendre sa place en Afrique et défendre ses intérêts dans le dossier du Sahara marocain", juge pour sa part Mustapha Akhaziz, professeur de langue.

'Une trop longue absence'

La réadmission du Maroc s'est faite malgré une "âpre résistance de la délégation algérienne qui a soulevé la question des frontières" et voulait un "report" du vote, selon la presse marocaine.

Algérie, Afrique du Sud et Zimbabwe ont d'abord mis en avant un "avis" consultatif de l'organe juridique de l'UA. Ce document laissait la décision finale aux chefs d'Etat mais sonnait comme un réquisitoire contre le Maroc, pays "qui occupe une partie du territoire d'un État membre".

Le Zimbabwe, porte-parole des opposants, a ensuite proposé la création d'un comité ad hoc pour "accompagner" la réintégration marocaine, avec toujours en débat la question de la reconnaissance des frontières, selon la presse marocaine.

Peine perdue puisque sous la houlette du nouveau président en exercice de l'UA, le président guinéen Alpha Condé, "le principe de la majorité l'a finalement emporté" et le Maroc a été admis sans condition.

Le royaume deviendra formellement le 55e membre de l'UA "quand il aura déposé ses instruments de ratification", selon des délégués sur place.

"La République Sahraouie souhaite la bienvenue au Maroc" qui va désormais "s'asseoir à nos côtés", a prévenu le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek.

Cette cohabitation augure de durs débats à venir autour de la question du Sahara occidental, alors que Rabat refusait jusqu'à présent de siéger en présence de la RASD dans toute instance internationale.

Mardi, dans un discours décrit à Rabat comme "historique", le roi Mohammed VI s'est exprimé à la tribune pour saluer ce retour "par la grande porte".

"Il est beau le jour où l'on rentre chez soi après une trop longue absence", s'est félicité le souverain, dont le discours était retransmis en direct sur toutes les télés de son pays.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG