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Adama Barrow est arrivé à Banjul


Adama Barrow prête serment comme président de la Gambie, à l'ambassade gambienne à Dakar, le 19 janvier 2017.
Adama Barrow prête serment comme président de la Gambie, à l'ambassade gambienne à Dakar, le 19 janvier 2017.

Le nouveau président gambien Adama Barrow, accueilli au Sénégal voisin depuis le 15 janvier, est arrivé jeudi après-midi à Banjul, acclamé par une foule en liesse.

"Je suis un homme heureux", a-t-il déclaré. "Cela faisait partie du combat et je pense que le pire est terminé", a-t-il dit au sujet de son séjour au Sénégal depuis le 15 janvier, à la demande de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui craignait pour sa sécurité tant que M. Jammeh était en place.

Il est arrivé à bord d'un avion militaire sénégalais portant l'emblème de la Cédéao, sous la surveillance de militaires sénégalais et nigérians cagoulés et lourdement armés, et d'un détachement de soldats gambiens.

L'envoyé spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, qui a également fait le voyage, s'est félicité de ce retour qui vise à "assurer une transition démocratique pour la première fois en Gambie".

M. Barrow a salué de nombreuses personnalités présentes, parmi lesquelles sa vice-présidente Fatoumata Jallow Tambajang et le commandant des opérations spéciales américaines en Afrique, le général Donald Bolduc.

Il a ensuite pris la route en direction de son domicile, mais son convoi circulait très lentement, se frayant difficilement un chemin au milieu de la foule massée au bord de la route pour célébrer son retour.

Le nouveau chef de l'Etat "résidera chez lui jusqu'à nouvel ordre" plutôt qu'à la présidence, où la force de la Cédéao, sous commandement sénégalais, a installé son état-major, a indiqué mercredi son porte-parole, Halifa Sallah.

Sur la route de l'aéroport, ses partisans ont installé une affiche géante invitant la population à une célébration générale le 18 février, anniversaire de l'indépendance de cette ancienne colonie britannique.

"Je prie pour lui, que Dieu lui vienne en aide", a déclaré à l'AFP Amadou Ba, juché sur un taxi à l'aéroport. "Tout est difficile dans ce pays, nos frères émigrent clandestinement parce qu'ils meurent ici de manque de travail", a-t-il ajouté.

Les Gambiens occupent la première place par rapport à la population parmi les nationalités de migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie pour atteindre l'Italie, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Les défis s'annoncent immenses pour Adama Barrow, à commencer par la mise en place d'une administration, engagée sur une fausse note avec le choix de sa vice-présidente, atteinte par une limite d'âge constitutionnelle.

Parmi les priorités figure aussi la réforme des forces de sécurité, a indiqué M. Sallah.

La Gambie, petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade côtière prisée des touristes, a été dirigée d'une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh, un ancien militaire.

Vainqueur de l'élection du 1er décembre face à Yahya Jammeh - qui avait initialement reconnu sa défaite avant de se raviser le 9 décembre -, Adama Barrow a prêté serment le 19 janvier à l'ambassade de Gambie à Dakar.

Peu après, la Cédéao lançait une opération pour forcer au départ M. Jammeh, qui a finalement quitté le pays le 21 janvier pour être accueilli par la Guinée équatoriale.

Depuis sa prestation de serment, M. Barrow n'était plus apparu en public.

Le nouveau chef de l'Etat a demandé la poursuite de l'opération militaire de la Cédéao, en attendant de s'assurer du contrôle effectif des services de sécurité et du territoire.

Il souhaite notamment que la force ouest-africaine tente de découvrir les éventuels stocks d'armes ou les "mercenaires" favorables à Yahya Jammeh qui se trouveraient encore dans le pays, a indiqué le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza.

M. Barrow a également demandé à ces troupes, dont 4.000 ont déjà été engagées dans l'opération (sur un effectif maximum de 7.000) de rester six mois, une décision qui appartiendra aux responsables militaires de la Cédéao, a-t-il ajouté.

Le jour de son retour, un ancien pilier du régime de M. Jammeh, Ousman Sonko, qui fut son ministre de l'Intérieur pendant dix ans avant d'être limogé en septembre et de s'enfuir en Europe, était interpellé en Suisse, pour soupçons d'implication dans des crimes contre l'humanité.

Avec AFP

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