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Selon l’indice Ibrahim, la gouvernance en Afrique est en recul


Le président rwandais, Paul Kagame, avec le magnat des télécommunications soudanais, Mo Ibrahim, fondateur de la Fondation Mo Ibrahim, à Kigali le 28 avril 2018.
Le président rwandais, Paul Kagame, avec le magnat des télécommunications soudanais, Mo Ibrahim, fondateur de la Fondation Mo Ibrahim, à Kigali le 28 avril 2018.

Les progrès de gouvernance en Afrique ralentissent. Seuls 8 pays ont réussi à s'améliorer dans les 4 dimensions de gouvernance répertoriées par l'indice Ibrahim

Dans son édition 2020, l'indice Ibrahim, qui a été revu en renforçant ses indicateurs, montre que si la bonne gouvernance en Afrique s'est améliorée globalement sur la décennie 2010-2019, la majorité des pays du continent marquent un recul sur les plans de la démocratie et de la sécurité.

En effet, note le rapport, si 61,2% de la population africaine vit désormais dans un pays où des progrès ont été recensés, en 2019 le score moyen a reculé pour la première fois depuis 2010. "Les perspectives économiques et le développement humain semblent s'améliorer au détriment des droits des citoyens, de l'État de droit et de la sécurité", lit-on.

L'indice, qui a démarré en 2007, est l'idée du milliardaire soudanais Mo Ibrahim, 74 ans, qui a fait fortune dans le domaine des télécoms.

L'Afrique australe en tête, l'Afrique centrale à la traîne

Au cours de la décennie écoulée, l'Afrique australe obtient le meilleur score en matière de gouvernance globale (53,3 %), suivie de l'Afrique de l'Ouest (53,1 %) et de l'Afrique du Nord (52 %). Deux régions ont un score inférieur à 50 % : l'Afrique de l'Est (46,2 %) et l'Afrique centrale, qui a enregistré le score le plus bas, soit 38,8 %. A travers l'Afrique, seuls huit pays ont réussi à s'améliorer dans les quatre dimensions de gouvernance répertoriées par l'indice Ibrahim

Dans un entretien avec la VOA, Mo Ibrahim explique qu'un 3e indicateur a été ajouté à l'indice: celui de "la voix citoyenne", qui traque comment les citoyens perçoivent leur gouvernement.

Sur ce plan, le rapport relève un fait curieux : les Africains ont généralement une vue négative de leur gouvernement national, même dans les pays où les données indiquent qu'il y a de réelles améliorations dans la prestation des services sur le terrain.

"Cette divergence entre les données et les perceptions des citoyens est intrigante", a déclaré Mo Ibrahim, qui reste toutefois positif quand à la vue d'ensemble 2010-2019. "Au moins 60% de la population vit désormais sous une meilleure gouvernance", souligne-t-il.

Le fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, Mo Ibrahim, dans son bureau de Londres le 16 novembre 2020.
Le fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, Mo Ibrahim, dans son bureau de Londres le 16 novembre 2020.

La pandémie du coronavirus

La période couverte s'arrête à la fin 2019, juste avant que l'Afrique ne soit frappée par la pandémie du nouveau coronavirus. Mais le rapport souligne qu'en "termes de droits, d'espace des libertés et de participation pour la société civile, le continent était engagé bien avant sur la voie de la dégradation et la pandémie a accentué cette trajectoire négative".

"A l'inverse, les opportunités économiques étaient sur une trajectoire positive de progrès constant, et l'impact du Covid-19 menace à présent ce qui a été accompli dans ce domaine", déplore le rapport.

Ce qui fait craindre le milliardaire.

"Ce n'est pas difficile de deviner ce qui va se passer pour 2020: nous allons voir un sévère déclin économique et un retour en arrière sur les progrès réalisés par les pays africains dans le domaine économique", a commenté Mo Ibrahim.

Selon lui, les gouvernements africains doivent regarder "comment aller de l'avant", malgré la crise. "Nous devons nous relever avec un meilleur modèle économique: il faut arrêter de compter sur un seul produit de ressources naturelles que nous vendons à un seul client, cela ne fonctionne pas", estime-t-il.

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