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Devant la CPI, le chef d'état-major ivoirien dit avoir conseillé à Gbagbo de démissionner


L’ancien chef d'état-major de l'armée ivoirienne, Philippe Mangou, à gauche, échange avec le commandant de la gendarmerie, le général Edward Tiape, à droite, d’une cérémonie au Plateau Abijan, 12 juillet 2011.
L’ancien chef d'état-major de l'armée ivoirienne, Philippe Mangou, à gauche, échange avec le commandant de la gendarmerie, le général Edward Tiape, à droite, d’une cérémonie au Plateau Abijan, 12 juillet 2011.

Au plus fort de la crise post-électorale qui a déchiré la Côte d'Ivoire en 2010-2011, le chef d'état-major de l'armée ivoirienne avait conseillé à l'ex-président Laurent Gbagbo de démissionner, a-t-il déclaré mardi devant la Cour pénale internationale (CPI).

En guise de représailles, sa résidence privée avait été attaquée quelques jours plus tard, a affirmé Philippe Mangou au deuxième jour de son témoignage dans le procès de Laurent Gbagbo.

"Pour avoir seulement proposé au président de démissionner, on a voulu me tuer", a déclaré cet ancien pilier du pouvoir sous Gbagbo devenu témoin de l'accusation.

Barbe poivre et sel et regard fatigué, Laurent Gbagbo, 72 ans, est poursuivi pour des crimes contre l'humanité commis lors de violences post-électorales qui ont fait 3.000 morts en cinq mois.

En décembre 2010, il avait occupé le palais présidentiel après avoir refusé de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara.

Lâché par la communauté internationale, il convoque le 11 mars 2011 son général des Forces de défense et de sécurité en Côte d'Ivoire (FDS) qui dit l'avoir conseillé dans ces termes : "Monsieur le président, démissionnez. (...) Il y a déjà trop de morts." "N'en parle à personne", lui rétorque M. Gbagbo.

Des hommes qui tiraient "à la kalach, au RPG (lance-roquette)" attaquent trois jours plus tard la résidence privée du général, située à Yopougon, fief de M. Gbagbo dans l'ouest d'Abidjan, a raconté M. Mangou à la Cour.

Lorsqu'il rapporte les faits au président Gbagbo, celui-ci dit simplement à propos de l'identité des auteurs de l'attaque : "J'ai ma petite idée là-dessus".

Ainsi, la demande de confidence "était un test" pour "savoir si j'étais franc et loyal", a affirmé à la CPI l'ancien chef d'état-major.

Nommé chef d'état-major de l'armée en novembre 2004, Philippe Mangou était demeuré fidèle au président Gbagbo jusqu'en 2011 même si, selon les observateurs, il était resté en retrait et avait même perdu une bonne part du contrôle sur ses hommes.

En pleine bataille d'Abidjan entre forces pro-Gbagbo et combattants pro-Ouattara appuyés par la France et l'ONU, il se réfugie le 30 mars à la résidence de l'ambassadeur sud-africain, avant de retourner vers le camp Gbagbo.

Au lendemain de la chute de M. Gbagbo le 11 avril 2011, il avait prêté allégeance, comme d'autres chefs de l'armée, à l'actuel président Ouattara avant d'être nommé ambassadeur de Côte d'Ivoire au Gabon en 2012.

Le procès de Laurent Gbagbo, premier ex-chef d'Etat remis à la CPI, s'est ouvert le 28 janvier 2016 à La Haye et devrait durer trois à quatre ans.

Avec AFP

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