La déclaration finale adoptée après deux jours de sommet sous haute tension à Hambourg en Allemagne, marqué en permanence par des manifestations souvent violentes, porte la marque des controverses entre la nouvelle administration américaine et le reste du monde.
Concernant le climat, le G20 a pris acte de la sortie des Etats-Unis de l'Accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique, et de l'isolement du pays sur la question: tous les autres pays considèrent dans le texte que cet accord international est "irréversible".
"Là où il n'y a pas de consensus, le communiqué final souligne les divergences", a déclaré la chancelière Angela Merkel.
Dans le même temps, les Etats-Unis de Donald Trump obtiennent le blanc-seing du G20 pour mener une politique divergente.
Le texte dit qu'ils vont aider d'autres pays dans le monde à "avoir accès et à utiliser des énergies fossiles".
Une politique largement à contre-courant de l'objectif de l'ONU d'une économie moins gourmande en carbone, même s'il est précisé par le G20 que ces énergies fossiles seront utilisées de manière "plus propre".
Concrètement, il s'agit surtout pour les Etats-Unis de vendre leur gaz de schiste.
Les Etats-Unis ont notamment fait miroiter aux pays de l'Europe de l'Est, qui cherchent à réduire leur dépendance énergétique à l'égard de la Russie, la vente de gaz liquide américain.
Ce point du compromis a fait l'objet d'âpres débats car plusieurs pays redoutent "un effet de contagion", souligne un diplomate. Mais c'était le prix à payer pour maintenir le lien au sein du forum avec les Etats-Unis.
Le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un compromis "optimal" sur le climat et son homologue français Emmanuel Macron a dit ne pas avoir perdu espoir de "convaincre" Donald Trump, qu'il verra à Paris le 14 juillet, de changer un jour d'avis.
Le chef de l'Etat a annoncé convoquer un sommet sur le climat en décembre en France, deux ans après l'Accord de Paris.
- Anti-dumping -
En matière commerciale, le président américain inquiète depuis des mois ses principaux partenaires par ses velléités protectionnistes, son slogan permanent sur "l'Amérique d'abord" et ses menaces de taxes douanières contre la Chine ou l'Europe dans l'acier ou automobile.
Au sommet du G20, les Etats-Unis ont accepté finalement, après avoir rechigné, de se rallier dans la déclaration finale à une condamnation du "protectionnisme". Une tradition de ce forum qui répète depuis des années cette antienne.
Mais en échange, le forum des vingt plus grandes économies mondiales reconnaît pour la première fois le droit des pays victimes de pratiques de dumping de recourir à "des instruments légitimes de défense commerciale".
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à se féliciter de cette évolution.
Emmanuel Macron en particulier mène une bataille en plaidant pour une "Europe qui protège" au niveau européen, notamment en matière commerciale à l'égard de la Chine.
"Cela reflète assez bien la position qu'on défend, lutte contre le protectionnisme et lutte contre le dumping, c'est une position qui nous va bien", résume une source proche de la présidence française.
- 'Débâcle' -
Le G20 de deux jours a été pour le reste marqué par la toute première rencontre entre Donald Trump et son homologue russe.
Le président américain a qualifié samedi cet entretien de "formidable". Et Vladimir Poutine a jugé que Vladimir Poutine était "très différent" de ce qu'on voit à la télévision. Il s'est dit confiant quant à une amélioration des relations avec Washington.
Ce G20 restera quoi qu'il arrive comme le plus tendu et électrique de l'histoire tant à l'intérieur des salles de réunion qu'à l'extérieur.
20.000 protestataires anti-G20 continuaient à défiler samedi dans les rues de Hambourg après de violents affrontements depuis jeudi entre manifestants et police.
Selon les forces de l'ordre près de 200 policiers ont été légèrement blessés.
Certains quartiers de la ville offrent un spectacle de désolation, avec voitures calcinées et restes de barricades.
Donald Trump a félicité samedi Angela Merkel, qui assure la présidence du G20, pour son travail formidable" malgré les manifestations.
La chancelière allemande fait néanmoins l'objet de sévères critiques dans son pays, où il lui est reproché d'avoir organisé un tel sommet en plein centre-ville.
"A Hambourg, l'Etat a échoué", assène samedi le journal le plus lu d'Allemagne, Bild, en ajoutant "cette débâcle est aussi sa débâcle".
Avec AFP