Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Au moins 16 civils tués dans la 2e ville du Soudan du Sud


Un site de protection des civils de l'ONU à Wau, où vivent environ 29.000 déplacés, Soudan du Sud, le 8 décembre 2016.
Un site de protection des civils de l'ONU à Wau, où vivent environ 29.000 déplacés, Soudan du Sud, le 8 décembre 2016.

Au moins 16 civils, selon l'ONU, ont été tués dans des combats entre forces gouvernementales et rebelles à Wau, deuxième ville du Soudan du Sud en guerre, des habitants faisant état de meurtres sur des lignes ethniques.

Selon des sources concordantes, des affrontements ayant débuté durant le weekend à l'extérieur de Wau, dans des zones ayant changé plusieurs fois de mains se sont étendus lundi à la ville elle-même, tenue par les forces fidèles au président Salva Kiir depuis le début de la guerre civile en 2013.

La mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) "a organisé deux patrouilles dans Wau lundi, et a rapporté avoir vu les corps de 16 civils dans un hôpital. Il y avait également 10 personnes blessées", indique-t-elle dans un communiqué. Au moins 3.000 personnes se sont réfugiées dans un camp de déplacés au pied de la cathédrale de Wau.

Parmi ceux-ci, "certains nous rapportent que les soldats de la SPLA (armée gouvernementale) sont dans des zones résidentielles (...), ils tirent, ils visent certains groupes de personnes et ils pillent même certaines maisons", a assuré à l'AFP le prêtre Moses Peter, joint par téléphone.

Si les combats impliquent principalement les forces fidèles au président Salva Kiir à celles du chef rebelle Riek Machar, des habitants décrivent des meurtres ciblés contre des civils commis par des forces gouvernementales, principalement constituées de membres de l'ethnie Dinka.

Certaines des victimes "ont été tuées parce qu'elles sont soupçonnés de soutenir les rebelles", a déclaré Tibur Erynio, un habitant de Wau âgé de 41 ans, faisant état de 18 morts selon des témoignages qui lui ont été rapportés. Selon M. Erynio, ces victimes appartiennent à des ethnies de la région - Jur et Balanda - dont les milices ont rejoint les rebelles de Riek Machar, un Nuer.

Un autre habitant a indiqué sous couvert de l'anonymat avoir retrouvé son frère "étendu dans son propre sang", et dit avoir compté cinq cadavres en plus de celui de son frère.

De maison en maison

Rebelles et forces gouvernementales ont donné des versions et des bilans différents des combats, impossibles à vérifier de source indépendante.

Les rebelles ont affirmé dans un communiqué avoir mené une embuscade dimanche contre l'armée gouvernementale à l'extérieur de Wau, une version corroborée par la Minuss.

Les rebelles disent avoir alors tué 35 membres de la SPLA et perdu deux combattants. Selon la même source, la SPLA s'est alors repliée à Wau, où ses soldats se sont rendus de "maison en maison" et ont tué 50 civils.

Le porte-parole adjoint de la SPLA, le colonel Santo Domic Chol, a pour sa part affirmé que la SPLA avait repris samedi aux rebelles des zones au sud et à l'ouest de Wau. Evoquant les combats de lundi, il a affirmé que les zones "peuplées par de nombreux civils étaient utilisées par les rebelles comme couverture". Faisant état d'une situation encore confuse, il a assuré que quatre gardiens de prison avaient été tués.

La Minuss a souligné que les combats "font suite à des déplacements de troupes, de tanks et d'équipements de la SPLA dans la partie sud-ouest de Wau la semaine passée", alors que des témoins ont évoqué la présence vendredi à Wau du chef de l'état-major sud-soudanais, le général Paul Malong.

"Nous appelons ceux qui portent des armes à respecter les civils, les installations médicales, la Croix-Rouge et d'autres spécialistes médicaux", a déclaré la représentante du Comité International de la Croix-Rouge au Soudan du Sud, Valeria Gamboni, selon laquelle le CICR a dépêché une équipe chirurgicale à Wau.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 et a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, attribuables aux différentes parties au conflit. Plus de 1,9 million de Sud-Soudanais sont déplacés dans leur pays, plus de 1,7 million sont réfugiés dans les pays voisins, et la famine a été déclarée en février dans certaines zones du nord du pays.

Avec AFP

XS
SM
MD
LG