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Au Cameroun, des Chinois accusés d'accaparement de terres ancestrales


Des Camerounaises devant une forêt dévastée, le 10 août 2021.(VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Des Camerounaises devant une forêt dévastée, le 10 août 2021.(VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Des sociétés chinoises ont pris de vastes étendues de terres cultivables pour exploiter l'or.

Des plaintes consécutives à l'exploitation semi-mécanisée abondent dans les villages miniers de la région de l’est du Cameroun. L’activité exerce une emprise sur les espaces cultivables. Les principales victimes sont les femmes comme dans le village Ndem II, situé dans l’arrondissement de Batouri, à plus de 407 km de Yaoundé.

Un groupe de 10 femmes du village Ndem II convergent vers un vaste espace dévasté par les engins et désormais traversé péniblement par un petit cours d’eau.

A leur tête, Jacqueline Deya, l’épouse du chef du village. Elles ont comme point de chute, le lieu-dit Nvindi, au bord du cours d’eau appelé Mbil. "A cet endroit, on faisait les champs et dès que les Chinois sont arrivés ils ont pris cette place pour exploiter l’or", explique Jacqueline Deya, épouse du chef de village Ndem II.

La rivière à poissons a disparu

"C’était une rivière, on y pêchait du poisson, maintenant on n’a plus un endroit où on peut pêcher le poisson, nous n’arrivons plus à bien vivre comme avant, à travailler pour envoyer nos enfants à l’école parce que les Chinois ont pris toutes nos parcelles", ajoute Jacqueline Deya, qui a six enfants en charge.

Depuis deux ans, des sociétés chinoises ont obtenu de vastes étendues de terres cultivables dans le village Ndem II au profit de l’exploitation semi-mécanisée de l’or.

"On a arraché mon champ, le champ était à deux hectares, j’y avais mis le plantain, le manioc, les concombres, l’arachide... Aujourd’hui, j’achète ces produits alors que je vis au village", se lamente Naomie Agama, une cultivatrice âgée de 40 ans.

Quid des dédommagements

"On m’avait dit qu’on va me dédommager uniquement pour le terrain mais pas pour le champ, pour le terrain-là, ils m’ont donné seulement 100.000 francs CFA", raconte Naomie Agama au cours d’une réunion tenue à la chefferie de Ndem II.

Léontine Anga, une orpailleuse artisanale, fait aussi partie des femmes du village Ndem II, victimes de l’attribution des parcelles villageoises aux sociétés aurifères sans le consentement préalable des communautés.

"Ça fait presque 15 ans aujourd’hui que je suis orpailleuse. On avait là où creuser, mais depuis que les Chinois sont arrivés, on nous a chassés, ce n’est plus facile de trouver de l’argent, on ne sait pas comment vivre. On a les enfants, on a les petits-fils, ils vont vivre comment?", se demande-t-elle.

La terre appartient à l’Etat

Au Cameroun, la loi foncière donne droit à l’Etat d’attribuer les terres non titrées y compris celles dites coutumières pour les promoteurs des projets de développement.

"Les Chinois passent par le chef pour prendre nos terres. Quand ils trouvent une femme au champs, ils te disent voici 50.000 francs CFA ou 30.000 francs CFA et tu ne peux pas refuser parce qu’ils répètent à tout le monde qu’ils ont reçu l’autorisation d’exploitation à Yaoundé", témoigne Jacqueline Deya.

Le malaise des femmes est plutôt grandissant au village Ndem II. Elles se sont organisées pour porter leurs plaintes auprès des ONG de défense, de protection de l'environnement et du respect des droits des communautés.

Le chef de village Ndem II, Bertrand Bell Adah, accuse le jeu trouble de l'administration. "Lorsque je dis à un exploitant qu’il est en train de détruire ceci ou cela, et doit chercher à arranger, l’administration vient plutôt dire que le gouvernement a telle position", confie-t-il à VOA Afrique.

Les responsables de la principale société chinoise qui exploite l’or au village Ndem II et les autorités administratives compétentes de la commune de Batouri n’ont pas souhaité se prononcer sur la question.

Les habitants du principal village d'extraction d'or du Cameroun vivent dans la misère
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