L’ancien président libérien Charles Taylor a disparu de la ville nigériane de Calabar où il vivait en exil. Il a quitté sa villa dans la nuit du lundi à mardi, indique un communiqué du gouvernement nigérian qui précise que le président Olusegun Obansanjo a ordonné l’ouverture d’une enquête. 48 heures avant cette disparition, les autorités nigérianes avaient informé leurs homologues libériennes qu’elles étaient libres de récupérer Taylor. Ce dernier est recherché par le tribunal spécial pour la Sierra Leone qui l’a inculpé de 17 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.
Les Etats-Unis se disent préoccupés par la disparition de l’ex-président libérien. Des diplomates américains sont en contact avec les autorités nigérianes à ce propos, a confié à la presse le porte-parole adjoint du département d’Etat. « Nous avons clairement expliqué au gouvernement nigérian qu’il a une responsabilité spéciales concernant Taylor, » a dit Adam Ereli mardi, précisant qu’Abuja devait notamment contrôler les mouvements de l’ex-dirigeant libérien et œuvrer avec le Liberia et l’ONU pour son transfert en Sierra Leone. « Lors de sa rencontre mercredi avec le président Obasanjo à la Maison blanche, M. Bush voudra certainement savoir ce qu’il est advenu de Taylor, » a indiqué un diplomate américain.
L’ex-président libérien est une menace pour la paix et la stabilité en Afrique de l’Ouest, estime pour sa part le procureur du tribunal spécial pour la Sierra Leone. Desmond de Silva a souligné que la disparition de Taylor constitue un pas en arrière sur la voie de la justice et dans la lutte contre l’impunité. Cette fuite « est une gifle pour les victimes libériennes et sierra-leonaises de Charles Taylor, » a déclaré de son côté Reed Brody, directeur adjoint de Human Rights Watch dans une interview accordée à Samuel Kiendrébéogo. « On demande instamment au gouvernement nigérian de le trouver et de faire en sorte qu’il soit traduit en justice » a ajouté M.Brody.