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Vers le dénouement du procès de l'ex-chef de campagne de Trump


 Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump, arrivant au tribunal de Washington, 15 juin 2018.
Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump, arrivant au tribunal de Washington, 15 juin 2018.

Accusé de fraudes fiscale et bancaire, cet ancien consultant politique de renom âgé de 69 ans est le premier à faire face à un procès découlant de l'enquête explosive de Robert Mueller, le procureur spécial chargé du dossier russe.

Mais les faits reprochés sont antérieurs à l'élection présidentielle de novembre 2016 et le nom du président américain n'a été évoqué que de loin.

Ce procès ultra-médiatique n'en reste pas moins embarrassant pour Donald Trump, qui n'a de cesse de dénoncer une "chasse aux sorcières" et a tenté de se distancer de son ancien chef de campagne.

Au tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington, où le procès s'est ouvert le 31 juillet, le juge T.S. Ellis a demandé aux parties de présenter réquisitoire et plaidoyer mercredi.

Les douze jurés entreront ensuite en délibération et pourraient livrer leur verdict d'ici la fin de la semaine.

La défense n'a appelé personne à la barre alors que les procureurs ont fait défiler plus de vingt témoins pour tenter de démontrer que Paul Manafort avait dissimulé au fisc des millions de dollars, tirés en majorité de ses activités pour l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou.

L'ex-lobbyiste est également accusé de fraude bancaire pour avoir caché aux autorités l'existence de comptes à l'étranger --la plupart à Chypre-- et d'avoir menti à des banques sur ses finances pour obtenir des prêts, une fois que Viktor Ianoukovitch --sa "poule aux oeufs d'or", selon les procureurs-- a fui l'Ukraine.

Paul Manafort rejette toutes ces accusations.

S'il n'a présenté aucun témoin, c'est parce que "ses avocats et lui ont estimé qu'ils avaient laissé assez de place au doute" dans l'esprit des jurés lors de leurs contre-interrogatoires des témoins de l'accusation, explique à l'AFP Jacob Frenkel, ex-procureur fédéral américain et associé du cabinet juridique Dickinson Wright.

Veste en python, maisons luxueuses, massif de fleurs formant son initiale, "M": derrière les descriptions colorées de dépenses exorbitantes qui ont fait beaucoup parler, l'accusation a surtout présenté dans le détail des centaines de factures et autres courriers officiels plus rébarbatifs.

"Le défi" pour les procureurs dans leur réquisitoire est désormais d'exposer au jury ce dossier comme un "cas très simple : M. Manafort avait obligation de payer ses impôts, de remplir correctement ses déclarations d'impôts et de dire la vérité lorsqu'il empruntait aux banques", selon M. Frenkel.

Si les jurés ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un verdict, "ce sera aussi une victoire pour la défense", poursuit l'ex-procureur.

Or le témoin clé de l'accusation, Richard Gates a reconnu qu'il s'était entendu avec Paul Manafort pour cacher des millions de dollars dans des banques à l'étranger afin d'éviter le fisc américain. Ancien adjoint de l'accusé, avec lequel il a travaillé pendant une décennie, il a aussi admis lui avoir volé des centaines de milliers de dollars.

Richard Gates, 46 ans, coopère avec Robert Mueller depuis qu'il a accepté de plaider coupable en février, en échange d'une peine de prison plus clémente.

"Si le jury décide que Rick Gates est responsable ou si le doute s'est installé dans l'esprit d'un seul juré, cela suffira pour qu'il ne condamne pas M. Manafort", avance Jacob Frenkel.

Risquant déjà de passer le restant de ses jours en prison avec ces poursuites, M. Manafort doit affronter un second procès en septembre, toujours dans le cadre de l'enquête du procureur spécial.

Parmi la trentaine d'individus déjà visés par Robert Mueller, dont une majorité de Russes, Paul Manafort est le seul Américain à avoir refusé de passer un accord avec la justice pour éviter un procès. Une stratégie risquée qui conduit certains observateurs à conclure qu'il pourrait avoir espoir d'obtenir une grâce présidentielle.

Avec AFP.

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