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Six pays acceptent d'accueillir des migrants de l'Open Arms, Salvini contrecarré


Les migrants à bord du navire humanitaire espagnol Open Arms dans la mer Méditerranée, le 9 août 2019.
Les migrants à bord du navire humanitaire espagnol Open Arms dans la mer Méditerranée, le 9 août 2019.

Six pays de l'UE sont prêts à accueillir une partie des 147 migrants embarqués sur le navire humanitaire de l'ONG Proactiva Open Arms, actuellement devant l'île italienne de Lampedusa, au moment où l'autorité de Matteo Salvini, tenant d'une ligne dure envers les migrants, est battue en brèche.

"La France, l'Allemagne, la Roumanie, le Portugal, l'Espagne et le Luxembourg viennent à peine de m'indiquer qu’ils sont prêts à recevoir des migrants", a annoncé jeudi le Premier ministre italien Giuseppe Conte dans une lettre ouverte adressée à M. Salvini, ministre italien de l'Intérieur.

"Encore une fois, mes homologues européens nous tendent la main", s'est félicité M. Conte, en critiquant très durement sur ce dossier M. Salvini, qui appelle depuis jeudi dernier à sa destitution.

Le pouvoir de Matteo Salvini, chef de La Ligue (extrême droite) et actuel vice-Premier ministre, se trouve affaibli depuis qu'il a fait voler en éclat jeudi dernier son alliance gouvernementale, formée depuis 14 mois avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système). Le sort du navire Open Arms en était l'illustration jeudi.

"J'ai décidé de ne pas signer le nouveau décret du ministre de l'Intérieur destiné à empêcher l'entrée, le transit et l'arrêt dans les eaux territoriales du bateau de l'ONG Open Arms", a stipulé jeudi la ministre de la Défense italienne Elisabetta Trenta.

Le ministre de l'Intérieur, qui réclame une rotation en Europe des ports de débarquement, avait signé début août un décret interdisant, au nom de la défense de l'ordre public, les eaux italiennes à l'Open Arms.

Une décision prise par un tribunal administratif, suite à un recours d'Open Arms, a toutefois suspendu mercredi ce premier décret.

Dans la foulée, Matteo Salvini a signé un nouveau décret pour barrer la route au bateau.

Les décrets de M. Salvini doivent notamment être signés par la ministre de la Défense, qui se trouve précisément être membre de M5S, une formation qui n'entend de toute évidence plus suivre ses ordres après avoir été lâchée.

- "Humanité" -

"J'ai pris cette décision motivée par de solides raisons légales, en écoutant ma conscience. Nous ne devons jamais oublier que derrière les polémiques de ces derniers jours, il y a des enfants et des jeunes qui ont souffert de violences et d'abus de tous types. La politique ne peut jamais perdre de vue l'humanité", a expliqué jeudi Elisabetta Trenta dans son communiqué.

La veille, elle avait déjà dépêché deux navires pour escorter l'Open Arms, dans un souci d'évacuer les 32 mineurs qui ont déjà passé deux semaines à bord.

Réagissant sur les réseaux sociaux jeudi, Matteo Salvini lui a vertement rétorqué: "humanité ne signifie pas aider les trafiquants et les ONG".

"C'est grâce à ce concept présumé +d'humanité+ que dans les années de gouvernement démocrate, l'Italie est devenue le camp de réfugiés de l'Europe", a-t-il assené, jugeant que "l'humanité c'est investir sérieusement en Afrique, certainement pas d'ouvrir les ports italiens".

M. Salvini est crédité de 36 à 38% d'intentions de vote et sa popularité a été alimentée par sa ligne dure sur les migrants illégaux. Reste qu'un front politique est en train de se former contre lui, par le biais inattendu d'une alliance entre son ex-partenaire M5S et le Parti démocrate (centre gauche).

Proactiva, qui avait assuré la veille qu'elle n'envisageait pas d'accoster de force, a précisé jeudi que les migrants à bord "savent qu'il n'y a pas de port pour eux, mais voir la terre ferme les calme".

L'Ocean Viking, le navire de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) qui cherche également un port pour plus de 350 migrants, se dirigeait jeudi vers le nord et se trouvait bien au-delà de Lampedusa et de Malte.

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