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Ouganda : un cinquantenaire dans la morosité


Nombre d'Ougandais continuent de s'identifier selon leur ethnie
Nombre d'Ougandais continuent de s'identifier selon leur ethnie
L’Ouganda marquait mardi le 50ème anniversaire de son accession à l’indépendance de la Grande-Bretagne. Une journée célébrée avec fanfare par le gouvernement.

Par contre, les ougandais moyens sont moins enthousiastes. Parmi eux, Denis Kazibwe, âgé de neuf ans le jour de l’indépendance, le 9 octobre 1962. Il se souvient que son père, dans un élan patriotique, avait planté un arbre.

« Un abre pour l’indépendance. C’était la première fois que l’on nous a servi du thé avec du lait, et nous étions très excités » affirme aujourd’hui M. Kazibwe, évoquant l’euphorie de ses compatriotes, remplis d’espoir pour un avenir meilleur. « Les gens pensaient qu’avec l’indépendance, la situation s’améliorerait dans tous les domaine. Qu’on obtiendrait des emplois, que la vie serait meilleure, les écoles aussi. On avait beaucoup d’attentes » ajoute M. Kazibwe.

Si des concerts, discours et expositions ont marqué ce mardi le cinquantenaire de l’indépendance, nombre d’Ougandais ne jubilaient plus, se commémorant les troubles des cinquante dernières années.

Mwambusya Ndebesa, professeur d’histoire à l’université Makarere de Kampala, explique que « les gens s’attendaient à davantage de démocratie et de libertés que sous le régime colonial ».

Les Ougandais, ajoute-t-il, « s'attendaient à contrôler leur économie et leur politique. Mais hélas, ils ont constaté que le contrôle par les citoyens des personnes au pouvoir, à certains égards, n’est pas meilleur qu’à l'époque coloniale ».

Les troubles ont commencé moins d’un an après l’indépendance, et quatre ans plus tard, l’ancien premier ministre, Milton Obote, suspendait la constitution et s’emparait du pouvoir. Les dictatures militaires se sont succédées avant l’arrivée au pouvoir de Yoweri Museveni, considéré par de nombreux ougandais comme un autocrate.

Les Ougandais n’ont jamais vraiment contrôlé leur gouvernement, constate le professeur Ndebesa. Autre problème : si l’indépendance a doté le pays de frontières, les Ougandais n’ont pas, depuis, forgé une identité commune. Ils n’ont toujours pas grand-chose en commun, affirme l'expert, et continuent de s’identifier selon leur ethnie.

Pour Lawrence Bategeka de l’institut de recherche « Economic Policy Research Center », le nouveau gouvernement ougandais voulait le mieux pour la population et du coup, l’Etat a décidé de gérer les entreprises publiques. Grave erreur, fait valoir l’analyste, car les politiques socialistes ont manqué de financements, et on a étranglé le secteur privé.

Néanmoins, le taux de croissance de l’économie ougandaise, chiffré aux alentours des 7 %, est aujourd’hui fort satisfaisant, et la découverte récente de gisements de pétrole permet d’espérer des jours meilleurs. Encore faut-il qu’ils profitent plus largement aux populations, et non aux élites, et que les revenus soient répartis plus équitablement.
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