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Fin de la conférence sur le financement du terrorisme à Paris


Jean-Yves Le Drian, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, lors de la conférence «Pas d'argent pour le terrorisme» sur la lutte contre le financement des groupes terroristes à Paris le 26 avril 2018.
Jean-Yves Le Drian, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, lors de la conférence «Pas d'argent pour le terrorisme» sur la lutte contre le financement des groupes terroristes à Paris le 26 avril 2018.

Les participants à la conférence "No money for terror" sur le financement du terrorisme, qui sera clôturée à Paris par le président Macron, savent qu'ils ne vaincront pas le terrorisme en asséchant son financement, mais que la lutte financière est indispensable.

Depuis mercredi matin, près de 500 experts et 80 ministres de 72 pays se sont réunis à huis clos pour échanger leurs expériences et leurs "bonnes pratiques" sur cet aspect de la lutte antiterroriste, qui vise surtout le groupe État islamique (EI) et Al-Qaïda.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé la tenue de cette conférence, baptisée "No money for terror - Conférence de lutte contre le financement de Daech et d'Al-Qaïda", lors de son discours aux ambassadeurs de France réunis à Paris fin août.

Le discours du chef de l’État français, prévu à 17H30 (15H30 GMT), ne devrait pas contenir d'annonce concrète mais les délégations devraient se mettre d'accord sur une déclaration de principes, qui a été longuement négociée lors de contacts et de travaux préparatoires et devrait être ensuite portée au niveau international.

"La victoire militaire contre le "califat" est un succès important", a commenté l’Élysée, "mais elle ne nous prémunit ni contre la résurgence de Daech (acronyme en arabe de l'EI), ni contre l'activité des groupes et individus ayant prêté allégeance à cette organisation - encore récemment en France - ou à Al-Qaïda. Le combat est loin d'être terminé".

416 donateurs de l'EI en France

"Pendant trois ans, de 2014 à 2016", a-t-on ajouté de même source, "Daech a accumulé un énorme trésor de guerre, de l'ordre d'un milliard de dollars par an. Il a depuis circulé, au moins en partie, il est vraisemblablement quelque part (...) Ces groupes sont très doués pour utiliser les techniques les plus sophistiquées pour faire circuler les flux financiers, ils savent se jouer des frontières".

L'offensive contre ses bases, par la coalition internationale, ayant été annoncée des mois à l'avance, le groupe a eu tout le temps de mettre en place des filières financières clandestines multiples, dans une région où les trafics ont toujours été florissants.

Jeudi après-midi, la conférence accueillera Peter Neumann, directeur de l'International center for the study of radicalisation du King's College de Londres, auteur en août d'une étude remarquée intitulée "Don't follow the money" ("Ne suivez pas l'argent"), dans laquelle il estimait que "la guerre au financement du terrorisme telle qu'elle est menée depuis 2001 a souvent été coûteuse et improductive".

Les enquêteurs et services antiterroristes du monde entier ont été au cours des dernières années confrontés à des attentats ou des tentatives d'attentats, surnommés "terrorisme low cost", qui ont mobilisé de très petites sommes d'argent, difficiles voire impossibles à tracer et repérer à l'avance.

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En janvier 2015, une chercheuse norvégienne, Emilie Oftedal, a étudié pour le compte du Norwegian Defense Research Establishment (FFI) quarante cellules terroristes qui ont, entre 1994 et 2013, organisé ou tenté d'organiser des attentats en Europe.

Le résultat est que dans les trois quarts des cas le montant des sommes en jeu pour l'organisation des attaques n'a pas dépassé dix mille dollars.

Jeudi matin, le procureur de Paris François Molins a révélé qu'un total de 416 donateurs ayant participé au financement du groupe État islamique (EI) avaient été identifiés en France.

Il s'est alarmé d'un "micro-financement" du terrorisme alimenté par des sommes "modiques mais en nombre important".

Interrogé sur Franceinfo sur le coût des attaques jihadistes de 2015 en France, le magistrat a estimé que "les terroristes ont eu besoin de 25.000 euros pour organiser les attentats de janvier 2015 (contre Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher) et 80.000 pour ceux du 13 novembre" à Paris et Saint-Denis.

"Les attentats qui ont été commis sur le sol européen ou nord-américain coûtent certes très peu d'argent", a admis une source élyséenne. "Mais les groupes terroristes, qu'ils soient au Levant, au Sahel ou en Asie se comportent comme des organisations, qui ont des coûts de fonctionnement, de structure. Il faut recruter, former, équiper. Oui, il y a le terrorisme low cost, mais il faut aussi traiter du financement de ces organisations".

Avec AFP

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