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Les Algériens restent mobilisés un mois après le début de la contestation


Manifestation dans les rues d'Alger, contre le gouvernement, le 19 mars 2019.
Manifestation dans les rues d'Alger, contre le gouvernement, le 19 mars 2019.

Un mois après le début de la contestation, les Algériens entendent rester mobilisés, avec de nouvelles manifestations vendredi pour réclamer le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et dont le camp se fissure.

Les deux précédents vendredis ont vu une mobilisation record. Le 15 mars, des manifestations ont été enregistrés dans 40 des 48 préfectures du pays, selon des sources sécuritaires, et des diplomates ont évoqué "des millions" d'Algériens dans les rues.

Sur les réseaux sociaux, les appels à la mobilisation se sont poursuivis cette semaine autour des mots-dièses "Mouvement_du_22_mars", "Partez tous!", ou du slogan "Nous sommes unis, ils sont finis".

La météo annonce de la pluie, pour la première fois depuis le début de la contestation le 22 février, mais il en faut plus pour décourager les manifestants, qui appellent à se munir d'un parapluie et de l'orner du drapeau national -vert et blanc frappé de l'étoile et du croissant rouges-, accessoire désormais indispensable du manifestant algérien.

​"La rue va gronder sous la pluie", assure un twitto.

"Le peuple algérien exige le départ immédiat et sans conditions du président Bouteflika", indique une affichette circulant sur les réseaux sociaux, qui invite également "les responsables des pays qui soutiennent le pouvoir illégitime algérien à cesser (...) leur ingérence".

Les manifestations, sans précédent depuis l'élection de M. Bouteflika en 1999, sont restées jusque-là globalement pacifiques.

Lors d'une tournée à Rome, Moscou -allié historique d'Alger- et Berlin, le nouveau vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a répété et confirmé que M. Bouteflika remettrait ses fonctions à un successeur élu lors d'une présidentielle dont la date n'a pas encore été fixée.

- Fissures -

En reportant le 11 mars l'élection présidentielle prévue le 18 avril jusqu'à l'issue d'une conférence nationale chargée -à une date non précisée- de réformer le pays et de le doter d'une nouvelle Constitution, le chef de l'Etat a prolongé d'autorité son mandat actuel au-delà de son expiration constitutionnelle le 28 avril.

Agé de 82 ans, M. Bouteflika est affaibli par les séquelles d'un AVC qui, depuis 2013, l'empêchent de s'adresser de vive voix aux Algériens et rendent rares ses apparitions publiques.

Aucune sortie de crise ne semble émerger, chaque camp campant sur ses positions. Le président refuse de céder le pouvoir et le "prolongement" du mandat a continué d'être largement rejeté.

Etudiants, professeurs, professionnels de santé, avocats, magistrats ont tour à tour manifesté cette semaine, montrant que la mobilisation ne faiblissait pas.

Côté pouvoir, les efforts du nouveau Premier ministre Noureddine Bedoui pour former un gouvernement rajeuni de "technocrates" semblent toujours stériles, dix jours après sa nomination.

Et le camp présidentiel apparaît plus divisé que jamais face à l'attitude à adopter.

Les fissures apparues depuis le début de la contestation ont semblé s'élargir parmi ceux qui il y a à peine plus d'un mois étaient les plus fervents partisans d'un cinquième mandat du chef de l'Etat, dont la candidature a finalement jeté les Algériens dans la rue.

- Qui décide -

Mercredi, le patron de la propre formation du président Bouteflika, le Front de libération nationale (FLN), s'est livré à un exercice de grand écart, en assurant que l'ancien parti unique, au pouvoir depuis 1962, "soutient le mouvement" de contestation, tout en prônant le "dialogue" proposé par le chef de l'Etat.

Du côté du principal allié, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Seddik Chihab, a affirmé que le parti s'était "trompé" en soutenant la candidature de M. Bouteflika à un cinquième mandat.

Plus grave, il a accusé des "forces non constitutionnelles" de diriger le pays, disant ne pas savoir qui décide "réellement" à la présidence.

Un discours tenu habituellement par les plus féroces opposants à M. Bouteflika.

Le RND, parti de l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, récemment sacrifié à la colère populaire, a eu beau se démarquer des déclarations de son porte-parole, les protestataires voient dans l'apparent délitement du "système" un encouragement à poursuivre de la mobilisation.

La contestation en Algérie, pays membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a été déclenchée le 22 février après la décision du chef de l'Etat de briguer un cinquième mandat. Et sa promesse ensuite de ne pas se porter candidat à une présidentielle à la date inconnue n'a pas apaisé les Algériens.

Avec AFP

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