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Le thé, une aubaine mais également un défi pour l'Ouganda


Farmers from Kanchanaburi province chant slogans during a rally in Bangkok, Feb. 10, 2014.
Farmers from Kanchanaburi province chant slogans during a rally in Bangkok, Feb. 10, 2014.
Si les exportations de thé sont en plein essor en Ouganda, la production a quand même souffert ces dernières années de la faiblesse des rendements, de l'absence de recherches sur le thé, de la non-remise en état des plantations et d'une mauvaise répartition des unités de transformation.

Le gouvernement ougandais aimerait promouvoir la production de thé, d’autant que selon l’Association du Thé de l’Ouganda, 15% seulement des terres propices à cette culture sont exploitées dans le pays.

A travers le monde, les amateurs boivent du thé Kenyan, sans savoir qu’en fait, une bonne partie des feuilles de ce thé sont actuellement originaires d’Ouganda. C’est dû au fait que le Kenya produit beaucoup plus de thé, et que la réputation du thé kenyan est nettement supérieure à celle du thé ougandais.

Et pourtant, le thé rapporte quelques 100 millions de dollars à l’Ouganda chaque année, et emploie près de 65 000 personnes. C’est le troisième principal produit d’exportation de l’Ouganda.

Compte tenu de la hausse de la demande des consommateurs, la production et les exportations de thé devraient augmenter. Comme la Chine et l’Inde essaient de renforcer la consommation locale de thé, leur surplus exportable diminue. Ces deux pays devraient consommer un pourcentage croissant du thé mondial au cours des prochaines décennies, laissant plus de place sur les marchés mondiaux pour les exportateurs tels que l’Ouganda.

Alors, pourquoi cette faiblesse de qualité du thé ougandais? George Ssekitoleko de l’association des exportateurs de thé de l’Ouganda, évoque plusieurs possibilités.

« La qualité des thés ougandais est faible. C'est un fait, vraiment. Les thés ougandais servent principalement à des mélanges. Lorsque notre thé va à Mombasa, c’est fini, on ne l’appelle plus du thé ougandais. C'est là qu'il disparait. On le mélange avec d'autres thés, et il quitte le pays principalement sous l’appellation thé kenyan », déclare M. Ssekitoleko.

Parmi les principaux problèmes : la pénurie de main-d’œuvre pour la cueillette manuelle des feuilles de thé, une pratique nécessaire pour préserver la qualité.

« Nous avons une pénurie de main-d'œuvre dans ce pays, et la plupart de nos gens utilisent des machines pour la cueillette, au lieu d’opter pour la cueillette à la main. Si vous utilisez une machine, elle ne choisit pas les feuilles qu’elle coupe, et celles qu’elle laisse. Ce qui nous affecte. Je pense que maintenant, chaque usine fait cela » explique M. Ssekitoleko.

Résultat : les thés ougandais ne rapportent que les deux-tiers des thés kenyans dans le centre de ventes aux enchères de Mombassa. Une réalité brutale pour les producteurs ougandais qui doivent également assumer les frais de transports jusqu’aux marchés. Et puis le Kenya a imposé des critères plus stricts de qualité pour les thés expédiés sur Mombasa, suite à des plaintes d’acheteurs.

Selon le président de l’Association des Commerçants de thé de l’Afrique de l'Est, Kimanga Peter, les producteurs pourraient bientôt faire face à autre défi. En effet, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) cherche à relever le niveau de thé dans le monde entier.

« On découvre que certains des thés importés au Kenya ne sont pas autorisés à l’exportation dans d’autres pays, tels que l'Inde ou le Sri Lanka. L'OMC insiste que ces normes devraient être obligatoires pour tous les pays producteurs de thé », déclare M. Kimanga.

Un désastre potentiel pour le thé ougandais, puisqu’entre 25 à 35% de la production serait alors jugé de trop mauvaise qualité pour être exporté, ce qui priverait les producteurs de leur accès aux acheteurs internationaux.
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