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Le Tchad annonce la fermeture de sa frontière avec la Libye pour la deuxième fois en moins de trois ans


Les militaires tchadiens à N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)
Les militaires tchadiens à N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Le décision verbale du ministre de la Sécurité intervient un mois après l'incursion d'une colonne rebelle venue du Sud libyen. La décision du 5 mars dernier a été diversement appréciée dans le pays.

C’est pour la deuxième fois en moins de trois ans que le Tchad annonce la fermeture de sa frontière avec la Libye.

En 2017, le gouvernement dirigé par Pahimi Padacké Albert avait décidé de fermer cette même frontière et déclarer les régions frontalières de la Libye, zones d’opérations militaires.

Le Tchad ferme sa frontière avec la Libye
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ces mesures acaient pour objectif d'empêcher une éventuelle infiltration de groupes terroristes isolés qui se sont convergés vers le sud de la Libye sans donner l’identité de ces groupes terroristes.

Dimanche 5 mars, c’est le tour du ministre de la Sécurité Mahamat Abali Salah de prendre la même décision alors que la première décision n’a pas encore été levée.

Dr Stack Yombatina Béni juriste et enseignant chercheur à l'ENA, N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)
Dr Stack Yombatina Béni juriste et enseignant chercheur à l'ENA, N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Pour Dr Sitack Yombatina Beni, enseignant chercheur à l’Ecole nationale d’administration, cette énième décision est un effet d’annonce.

En matière de droit, il y a ce qu’on appelle la connaissance de la loi. On n’a pas une particularité au niveau du Tchad d’écouter des choses comme ça sans un acte, ou alors l’acte vient plus tard pour matérialiser. Et donc on se demande est-ce que finalement ce n’est pas beaucoup plus un effet d’annonce. L’administration c’est les archives, est-ce qu’on a rouvert la frontière qui a été fermée depuis 2017. Il y a ce qu’on appelle le parallélisme de forme. Si on a pris un arrêt, on devrait prendre un autre arrêté pour annuler le premier et en ce moment-là tout le monde suit. Or aujourd’hui on est perturbé".

Mahamat Nour Ibédou Secrétaire général de la CTDDH à N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)
Mahamat Nour Ibédou Secrétaire général de la CTDDH à N'Djamena, le 7 mars 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Pour le ministre de la Sécurité, Mahamat Abali Salah, qui se trouve dans la zone nord-est du pays, cette décision est prise non seulement pour prévenir les incursions rebelles mais aussi pour combattre l’orpaillage clandestin, qui reste une épine dans le pied du gouvernement.

Son collègue de la communication porte-parole du gouvernement Oumar Yaya Hissein se réserve le droit de faire de commentaire puisqu’il n’y a pas encore un acte officiel qui accompagne cette décision. Mais Dr SitackYombatina Beni, estime que cette décision ne se justifie pas.

"La liberté de circuler d’aller et de venir c’est un droit. Maintenant pour des impératifs de la sécurité, il peut arriver pour un laps de temps qu'on puisse, n’est-ce pas, fermer la frontière parce que justement il y a des menaces graves. Or là aussi on se sait pas, est ce qu’il y a de la menace grave ? Parce que là on nous a dit qu’ils ont anéanti totalement les terroristes qui tentaient d’entrer sur le territoire tchadien. Donc, qu’est-ce qu’il y a encore (eu) pour qu’on en arrive à cette décision-là?".

Le secrétaire général de la convention tchadienne pour la défense des droits humains, Mahamat Nour Ibédou, estime que cette décision remet en cause le principe de la continuité de l’administration.

"Cela est révélateur de l’état de délabrement de notre administration et on n’est pas à la première bévue. Celui qui arrive adopte le service à ses intérêts. Cette fermeture de frontière est juste pour balayer la zone, s’accaparer de la terre et donner à des sociétés multinationales étrangères et les revenus seront naturellement partagés (entre) l’entourage du chef de l’Etat et ces compagnies là au détriment de la population", déplore Mahamat Nour Ibédou​.

Le ministre de la Sécurité a ordonné aux orpailleurs de toutes les nationalités qui se trouvent dans la zone de quitter immédiatement les lieux.

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