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Le journaliste marocain Omar Radi placé en détention pour "viol" et "financements étrangers"


Le tribunal de première instance de Rabat, au Maroc, le 11 août 2006.
Le tribunal de première instance de Rabat, au Maroc, le 11 août 2006.

Le journaliste et militant des droits humains Omar Radi a été placé en détention mercredi pour "viol" et "réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l'État", a annoncé la justice marocaine.

Omar Radi a été transféré à la prison d'Oukacha à Casablanca (ouest) et son procès doit débuter le 22 septembre, a précisé le bureau du procureur général dans un communiqué.

Le parquet a demandé à un juge d'instruction d'enquêter sur des "délits relatifs à l'attentat à la pudeur avec violence et viol", après une "plainte déposée par une citoyenne". Ces faits n'avaient jamais été évoqués précédemment.

Une deuxième enquête concerne "la réception de fonds de parties étrangères en vue de porter atteinte à la sécurité intérieure de l'État" et "de mener des contacts avec des agents de pays étrangers pour nuire à la situation diplomatique du Maroc", selon le communiqué.

Cette enquête avait été ouverte fin juin, au lendemain de la publication d'un rapport d'Amnesty International selon lequel le téléphone d'Omar Radi était espionné via un logiciel de piratage utilisé par les autorités marocaines. Rabat a toujours démenti.

Le journaliste de 33 ans a depuis été entendu une dizaine de fois par la police judiciaire, sans inculpation formelle à ce stade.

Mercredi, peu avant son rendez-vous judiciaire, il a dénoncé dans une vidéo diffusée par son groupe de soutien une accusation "ridicule" et "une vengeance" suite au rapport d'Amnesty.

"Les journalistes qui critiquent l'approche sécuritaire au Maroc sont les plus vulnérables aux représailles", a-t-il lancé.

- "Mascarade" -

"Je ne suis ni un espion ni un agent payé par un fonds étranger", avait-il dit récemment en réponse aux accusations des autorités marocaines, qui voient comme une forme d'espionnage sa collecte d'informations pour le compte d'une société britannique d'intelligence économique.

Reporters sans frontières (RSF), avec d'autres ONG, a appelé mercredi les autorités marocaines à cesser "toute intimidation et harcèlement" du journaliste, en affirmant que son cas illustrait une "dégradation claire de la liberté d'expression" dans le pays.

"Plus que jamais nous appelons à la fin de cette mascarade", a réagi le groupe de soutien de M. Radi, tandis que son père a dénoncé sur Facebook une "vengeance".

Selon Amnesty, ce "journaliste courageux" est harcelé par les autorités marocaines du fait de son indépendance.

En mars, le reporter et militant avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir critiqué un juge sur Twitter.

Omar Radi a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et a enquêté sur la corruption, l'économie de rente, la prédation foncière ou les collusions entre pouvoir et milieux économiques.

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