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Le fléau du tramadol dans les établissements scolaires au Cameroun


Les élèves du lycée bilingue de Yaoundé, traduits au conseil de discipline, au Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Les élèves du lycée bilingue de Yaoundé, traduits au conseil de discipline, au Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Le tramadol, encore appelée "tramol", est une drogue de synthèse, très consommée dans les établissements scolaires au Cameroun.

Des associations et certains responsables d’établissements, tentent tant bien que mal d’éradiquer ses ravages.

Reportage d'Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé pour VOA Afrique
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Mais les statistiques demeurent inquiétantes. Selon le ministère de la Santé publique, 12.000 jeunes scolarisés âgés de 13 à 15 ans consomment au Cameroun, du cannabis, devant le tramadol.

Sur la table du proviseur du lycée bilingue de Yaoundé, au quartier Essos, des cachets de tramadol, saisis entre les mains des élèves.

Tramadol en milieu scolaire

Quelque 7.000 élèves fréquentent cet établissement, où un réseau de vendeurs du tramadol avait fini par s’y installer pendant plusieurs années.

"Les dealers se tenaient devant les différents portails d’entrée des élèves. Par leur comportement, style vestimentaire, ils communiquaient avec les élèves, sur la quantité de drogue qu’ils ont en leur possession et où ils pouvaient venir l’acheter", révèle à VOA Afrique Stephen Ncha Chi, proviseur du lycée bilingue de Yaoundé.

>> Lire aussi : Le tramadol, une nouvelle drogue à la mode qui sévit au Burkina Faso

Les établissements secondaires publics à Yaoundé où en banlieue, sont devenus des fiefs de consommation de cette drogue de synthèse.

Le constat est sans réserve, pour l’association Empower Cameroon. Elle mène, depuis 2014, des campagnes de sensibilisation sur les ravages de la drogue chez les jeunes Camerounais.

Fondateur de l’asso Empower Cameroon, Titus Ndi Ndukong, au Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Fondateur de l’asso Empower Cameroon, Titus Ndi Ndukong, au Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Titus Ndi Ndukong, fondateur de Empower Cameroon dit avoir enquêté sur le sujet.

"En face du lycée bilingue de Yaoundé, il y avait un commerçant de médicaments de rue qui vendait plutôt le tramadol aux élèves", dit -il.

Il poursuit: "au lycée de Mbankomo, en banlieue de Yaoundé, on a constaté qu’il y avait beaucoup de jeunes de moins de 18 ans qui consommaient le cannabis et le tramadol. Et cela s’accompagnait d’actes de violence et viols. C’est suite à deux cas de viols que nous sommes allés dans ce lycée pour sensibiliser les élèves".

L’association Empower Cameroon a même noté la féminisation du tramadol en milieu scolaire.

"Les jeunes filles de 15 ans diluent les comprimés contenant du tramadol dans des bouteilles d’eau et pénètrent aisément les établissements scolaires avec cette drogue", fait remarquer le fondateur de Empower Cameroon qui est lui-même un repenti de la drogue.

Vente illicite

Comment des jeunes élèves, parviennent-ils à se procurer aisément le tramadol au Cameroun ?

Dr Ampoam Christophe, vice président du conseil national de l’ordre des pharmaciens du Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Dr Ampoam Christophe, vice président du conseil national de l’ordre des pharmaciens du Cameroun, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Depuis 2015, les médicaments contenant cette molécule sont vendus sous présentation d’une ordonnance médicale.

"Notre système d’approvisionnement en médicaments est poreux depuis un certains temps. Il y a des voies parallèles par lesquelles les médicaments entrent au Cameroun. Le tramadol n’est pas mis sur le marché par les industries pharmaceutiques locales", explique le docteur Christophe Ampoam, vice-président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens du Cameroun.

Les ravages du tramadol

Dans un collège privé de Yaoundé, une enseignante relate avoir vu, "au moins deux cas de mort subite, des suites de consommation du Tramadol au cours de cette scolaire".

Sous le coup de cette drogue, des cas de violence sur les élèves et enseignants sont légions d’autres établissements scolaires de Yaoundé.

>> Lire aussi : Le "kobolo", nouvelle drogue et "star des lycées" au Gabon

Ce qui a conduit par exemple le proviseur du lycée bilingue de Yaoundé à prendre un ensemble de mesures pour baisser l’ampleur de cette drogue dans son établissement.

"Dès 6h30, tous les adjoints du proviseur, les censeurs et les surveillants généraux sont à toutes les entrées des élèves et les contrôlent. Nous avons aussi créé une unité d’intervention qu’on appelle 'comité de vigilance'. Ces élèves avisent le proviseur pour tout cas suspect de drogue en classe", mentionne Stephen Ncha Chi, proviseur.

Le lycée bilingue de Yaoundé, où la lutte contre le tramadol s’intensifie, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Le lycée bilingue de Yaoundé, où la lutte contre le tramadol s’intensifie, le 12 mai 2018. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


Mais dans les rues de Yaoundé, notamment au lieu-dit , avenue kennedy, au centre ville, le tramadol y circule aisément, affirme Jean, un ancien enfant de la rue.

"C’est quand j’ai vu des jeunes tombés, écumés comme s’ils étaient épileptiques que j’ai compris le danger de la consommation du tramadol et j’ai cessé de le faire", a confié Jean.

La pilule du tramadol s’achète sur le marché noir à Yaoundé entre 25 et 75 francs CFA.

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