Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La Kényane Joséphine Ekiru remporte le prix Women Building Peace de l'Institut de la Paix des Etats-Unis


La Kényane Joséphine Ekiru, laureate du prix Women Building Peace Award 2021.
La Kényane Joséphine Ekiru, laureate du prix Women Building Peace Award 2021.

La Kényane Joséphine Ekiru est la lauréate du Women Building Peace Award 2021, décerné le 20 octobre par l'Institut de la Paix des Etats-Unis (USIP). Cinq africaines, dont une Congolaise et une Camerounaise, étaient parmi les neuf finalistes.

Ce prix récompense les femmes qui apportent une contribution importante dans la résolution des conflits et les processus de paix ou jouent un rôle particulier dans l'apaisement en zones touchées par les conflits.

Lors de la cérémonie de remise du prix le 20 octobre 2021, la présidente de l'USIP, Lise Grande, a déclaré que la plupart des bâtisseurs de paix dans le monde sont des femmes. "Il est de notre responsabilité de faire plus pour soutenir et célébrer ces femmes", a-t-elle conclu.

Le prix a été présenté par l'amirale de la marine américaine à la retraite Michelle Howard, dans le cadre d'une cérémonie virtuelle mettant en vedette les finalistes et rendant un hommage particulier aux femmes afghanes.

La lauréate Joséphine Ekiru est Coordinatrice de la paix pour le Northern Rangelands Trust au Kenya (NRT), qui rassemble plus de 300.000 autochtones du nord et de l'est du Kenya travaillant ensemble pour mettre fin aux conflits intercommunautaires, préserver les terres et protéger la faune. Elle a grandi dans la communauté pastorale Turkana.

Mme Ekiru a utilisé la protection de l'environnement comme approche innovante pour la consolidation de la paix entre tribus dans ces régions, où les affrontements duraient depuis des décennies. Témoin de ces tueries, elle a façonné son objectif d'aider ces communautés à s'allier.

De longues années d'efforts se sont concrétisées en 2011 lorsque sa tribu s'est réunie avec les Borana pour former la Nakuprat-Gotu Conservancy, une initiative de conservation communautaire.

En 2014, cette activiste de la paix a rejoint la NRT, qui représente une kyrielle de communautés sur près de 4,5 millions d'hectares. Elle utilise de multiples voies pour permettre aux jeunes et aux femmes d'atteindre des postes de direction dans les structures communautaires.

Cinq africaines parmi les neuf finalistes

La lauréate du prix Women Building Peace, Josephine Ekiru, avait à ses côtés une autre Kenyane, Jayne Waithitu, l'une des neufs finalistes sélectionnées par le Conseil des Femmes pour la Paix de l'USIP, parmi 125 nominations, provenant d'une trentaine de pays, pour leur engagement dans la consolidation de la paix et la prévention des conflits.

Jayne Waithitu s'est inspirée du programme rwandais de consolidation de la paix post-génocide, Ndi umunyarwanda, fondée sur la dignité de la personne pour favoriser l'harmonie. Comnme sa compatriote lauréate, elle a exploité le potentiel des femmes autochtones, artisanes locales de la paix.

En 2018, elle a fondé la Peace Warriors Organization (PWO), qui regroupe plus de 150 femmes des 47 comtés du pays. Après les violences postélectorales au Kenya en 2008, Mme Waithitu a mis en œuvre des procédures pour prévenir la violence et a permis de former des policiers.

En parallèle à son activité propre, elle forme des médiateurs locaux et internationaux et est aussi mentor du Global Give Back Circle, qui vise à autonomiser les jeunes dans les zones de conflit.

La Congolaise Tatiana Mukanire, coordinatrice du Mouvement National des Survivantes de Violences Sexuelles en République Démocratique du Congo, fait le plaidoyer des victimes d'atrocités commises en temps de guerre.

Elle a grandi à Kavumu dans le Sud-Kivu dans l'est du pays. Après avoir vécu personnellement la violence sexuelle, elle consacré sa vie à soutenir d'autres survivantes en demandant justice et réparations pour elles.

Mme Mukanire a formé un réseau de plus de 4 000 survivantes de violences sexuelles dans cinq provinces de la RDC, qui se sont lancées dans des activités génératrices de revenus et font la promotion de l'autonomisation des femmes.

La saison des prix pour la Congolaise Julienne Lusenge
Attendez s'il vous plaît

No media source currently available

0:00 0:02:29 0:00

La Camerounaise Esther Omam, fondatrice de Reach Out Cameroon (ROC), organisation créée en 1996, axe son action de promotion de la paix sur les femmes et les jeunes dans les régions anglophones du sud-ouest et du nord-ouest du Cameroun.

Née dans les bidonvilles de Douala, elle a été forcée d'abandonner l'école et de se marier à un jeune âge.

En 2018, elle a formé le Southwest-Northwest Women's Task force (SNWOT), une coalition de plus de 150 femmes leaders qui se sont réunies pour des pourparlers de paix dans ces régions.

Mme Omam a facilité les dialogues intercommunautaires entre les femmes, les jeunes et les dirigeants locaux, et a joué un rôle clé dans l'organisation de la première Convention nationale des femmes pour la paix au Cameroun, qui a réuni plus de 1.200 femmes en juillet 2021.

Une Sud-Soudanaise était parmi les finalistes du prix 2021 de l'Institut de la Paix des Etats-Unis. Il s'agit de Nyachangkouth Tai, qui s'est engagée dans la protection des femmes et des filles contre la violence sexuelle pendant le conflit dans son pays.

Mme Nyachangkuoth dirige l'organisation Mother Care et supervise les programmes de genre à la Mission d'Assistance pour l'Afrique (AMA). Elle a aussi dirigé un groupe de travail de 120 survivantes qui ont plaidé pour l'inclusion des femmes dans les tribunaux traditionnels.

Trois africaines lauréates du Prix Femme de Courage
Attendez s'il vous plaît

No media source currently available

0:00 0:03:13 0:00

Les finalistes d'autres régions du monde troublées par la violence armée

Les quatre autres finalistes du prix Women Building Peace de l'Institut de la Paix des Etats-Unis étaient la Pakistanaise Tabassum Adnan, les Colombiennes Teresita Gaviria et Waldistrudis Hurtado, ainsi que la Bangladaise Rani Yan Yan. Leur parcours respectifs sont également exemplaires.

La Pakistanaise Tabassum Adnan, militante des droits des femmes de la vallée de Swat au Pakistan, a joué un rôle déterminant dans la transformation des mécanismes communautaires de médiation des conflits pour promouvoir la justice pour les femmes.

En 2013, elle a créé Khwendo Jirga, la premier conseil de femmes au Pakistan, qui a résolu plus de 2.000 cas de violence. Mme Adnan a permi aux autorités locales d'ouvrir un poste de police pour femmes à Swat.

Tabassum Adnan, qui travaille aussi sur la traite des êtres humains, est récipiendaire du Prix 2015 Femmes de courage du département d'État américain.

La Colombienne Teresita Gaviria, est la voix des victimes de disparition forcée en Colombie. Un an après la disparition de son fils en 1998, elle a fondé Madres de la Candelaria, qui soutient les mères des victimes. Son organisation a recueilli des informations sur des centaines de disparitions.

Mme Gaviria a plaidé avec succès pour l'inclusion des disparitions forcées dans le code pénal colombien, et a témoigné entre le gouvernement et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) lors des négociations de paix de 2016.

L'autre Colombienne finaliste est Waldistrudis Hurtado, militante des droits des femmes depuis plus de 25 ans, directrice du Collectif féminin Mujeres Trenzadas Somos Más et membre du Mouvement national des femmes afro-colombiennes.

Elle est également membre de deux groupe consultatif onusiens pour l'Amérique latine et les Caraïbes, et de l'initiative Spotlight du Fonds des Nations Unies pour la Population pour l'élimination de la violence sexiste et du fémicide.

Autre finaliste malheureuse, la Bangaldaise Rani Yan Yan, qui milite pour les droits des femmes de la région de Chittagong Hill Tracts dans son pays, où les autochtones ont un accès limité aux terres et services de base, malgré l'accord de paix signé en 1997.

Conseillère au sein de la royauté Chakma, Rani Yan Yan se préoccupe en particulier de la participation des peuples autochtones aux réformes et à la mise en œuvre de législations et politiques qui les impactent. Elle adopte une approche inclusive axée sur l'équité pour renforcer la paix durable dans son pays.

L'objectif de l'Institut de la Paix des Etats-Unis, fondé par le Congrès américain, vise à prévenir, atténuer et résoudre les conflits dans le monde. L'USIP travaille avec les gouvernements étrangers et la société civile pour renforcer les capacités locales à gérer ces conflits de manière pacifique et inclusive.

  • 16x9 Image

    Nathalie Barge

    Après une carrière dans la communication en France et en Angleterre, Nathalie Barge a pratiqué le photojournalisme dans plus de 40 pays dont 17 en Afrique, devenant reporter de guerre indépendante. Lors de ses visites en Sierra Leone pendant la guerre civile, elle a mêlé l'écriture à ses prises de vue, relatant des témoignages de victimes et dénonçant le trafic du diamant et l'utilisation des enfants soldats. Grace à sa détermination, Nathalie est entrée dans les mines de diamants de Tongo contrôlées par les rebelles du RUF, et lors de la crise des otages onusiens en mai 2000, elle s'est rendue à Freetown, qui se vidait de ses habitants à l'approche des rebelles. Nathalie Barge a rejoint la VOA en 2008.

XS
SM
MD
LG