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HRW dénonce un climat de peur des journalistes au Nigeria


Des journalistes manifestent après l'agression d'un journaliste par des agents de la morgue à l’hôpital universitaire de Lagos, le 16 août 2012.
Des journalistes manifestent après l'agression d'un journaliste par des agents de la morgue à l’hôpital universitaire de Lagos, le 16 août 2012.

L'organisation Human Rights Watch a dénoncé le harcèlement croissant des journalistes et le "climat de peur" instauré par les agences de sécurité au Nigeria, alors que deux journalistes sont actuellement jugés en lien avec l'exercice de leur profession.

"Plusieurs arrestations et détentions récentes de journalistes et de militants au Nigeria suggèrent une tendance inquiétante à la répression de la liberté d'expression", affirme l'ONG de défense des droits humains dans un communiqué.

"Jeter des journalistes en prison pour avoir informé le public envoie un message effrayant", déclare Anietie Ewang, chercheuse à HRW, citée dans le communiqué. "Les autorités nigérianes doivent mettre fin à tout harcèlement et veiller à ce que les membres de la presse puissent opérer sans peur".

Jones Abiri, journaliste au Weekly Source Newspaper, a été arrêté par l'agence nationale de renseignement intérieur (DSS) et détenu au secret pendant deux ans sans procès, pour ses liens présumés avec des rebelles du delta du Niger, une région pétrolière du sud-est du pays.

A la suite d'une vaste campagne médiatique en sa faveur, il a été libéré sous caution le 16 août. Son procès commencera le 5 septembre à Abuja.

Samuel Ogundipe, journaliste pour le site en ligne Premium Times, a été arrêté mi-août, puis libéré sous caution quelques jours plus tard, après avoir dévoilé un rapport confidentiel sur la prise de contrôle du Parlement par des agences de sécurité.

Le 7 août, des hommes armés et cagoulés de la police et de la DSS avaient bloqué pendant plusieurs heures l'accès du Parlement à Abuja, empêchant parlementaires, employés et journalistes de rentrer.

Le rapport diffusé pointait la responsabilité dans cette opération de Lawal Musa Daura, chef de la DSS, qui a été limogé par la présidence dans la foulée.

Accusé d'avoir volé des documents classifiés, M. Ogundipe doit comparaître devant la justice le 23 août.

"Les agences de sécurité, dont la DSS et la brigade spéciale de lutte anti-banditisme, ont déjà été impliquées dans des abus de pouvoir et des violations des droits humains (...) notamment des arrestations illégales, des détentions et des actes de torture", poursuit HRW.

"Le licenciement de Lawal Daura ne suffit pas à transformer un service de renseignement national abusif en une institution respectueuse des droits", affirme Anietie Ewang.

"Les autorités nigérianes doivent prendre des mesures immédiates pour mettre un terme au climat de peur et d'intimidation généralisé des agences de sécurité", dit-elle. L'abandon de "toutes les charges" pesant contre Abiri et Ogundipe serait "un bon point de départ", estime-t-elle.

Les journalistes, tout comme les militants des droits de l'homme osant critiquer le pouvoir en place, sont régulièrement menacés ou arrêtés au Nigeria, qui fut gouverné pendant près de trente ans par des juntes militaires autoritaires, jusqu'à la fin des années 90.

Avec AFP

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