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Des journalistes de la TV nationale dénoncent la "censure"


Les Algériens exhibent un drapeau national géant lors d'une manifestation à Alger, le 15 mars 2019.
Les Algériens exhibent un drapeau national géant lors d'une manifestation à Alger, le 15 mars 2019.

Plusieurs dizaines de journalistes et autres personnels de la télévision nationale ont manifesté lundi à Alger pour dénoncer la "censure" sur leurs chaînes, à l'heure où la population défile en masse depuis un mois pour réclamer le départ du président Abdelaziz Bouteflika.

"Y'en a marre de la censure !", ont-ils scandé devant le siège de l'audiovisuel public, en réclamant une télévision "libre et démocratique".

Ce rassemblement est leur troisième depuis le début de la contestation le 22 février qui se traduit par des rassemblements géants à travers le pays mais aussi de multiples manifestations catégorielles.

"Nous ne voulons plus être un service pour le gouvernement. Nos équipes sont sur les manifestations, mais c'est ici (au siège de la TV nationale ndlr) qu'opèrent les ciseaux de la censure", a dénoncé le journaliste Abdelmajid Benkaci.

"Il y a une petite ouverture au niveau des émissions de débat", a reconnu la journaliste Melina Yacef, tout en réclamant "un véritable" changement, en particulier pour les journaux télévisés, accusés de faire la part belle au point de vue officiel.

"Nous voulons une télévision publique ouverte à tous les partis, toutes les obédiences, tous les Algériens", a-t-elle ajouté.

Les journalistes ont observé une minute de silence la main symboliquement posée sur la bouche pour dénoncer les entraves à leur métier.

Les journalistes des médias publics ont commencé à faire entendre leur voix depuis le début de la contestation contre M. Bouteflika. De tels rassemblements étaient quasi-inexistants auparavant.

Début mars, une présentatrice du journal de la télévision publique, Nadia Madassi, a démissionné après avoir lu à l'antenne une lettre de M. Bouteflika annonçant le dépôt de sa candidature à la présidentielle du 18 avril, depuis reportée, et avoir été apparemment empêchée d'annoncer celle d'un autre candidat.

Des journalistes de l'audiovisuel public dénoncent depuis des semaines les pressions de leur hiérarchie au sujet de la contestation, d'une ampleur inédite, contre M. Bouteflika, en place depuis 20 ans, son gouvernement et le "système" politique en général.

Radio et télévision publiques ont d'abord totalement passé sous silence les manifestations, avant d'en faire état en atténuant les mots d'ordre.

Après les avocats samedi, les architectes, les vétérinaires, les employés communaux et les magistrats de la Cour des comptes ont manifesté à Alger.

Une vingtaine de magistrats ont défilé lundi devant le siège de cette institution, selon des images du rassemblement transmises par la télévision privée El Bilad.

"Le peuple est la source de tous les pouvoirs. Nous joignons notre voix à celle du peuple", pouvait-on lire sur une pancarte.

Le peuple est "avide de liberté et de transparence dans la gestion de la vie publique", a déclaré à El Bilad un magistrat, Abdelkader Bedjaoui.

Autour de lui, ses collègues vêtus de robes noires et vertes, portaient pour la plupart un drapeau algérien.

M. Bedjaoui a dénoncé une marginalisation "sans précédent depuis 1995" de cette institution chargée du contrôle "des finances de l'Etat, des collectivités territoriales et des services publics". La Cour a toujours milité pour son indépendance, réclamant plus de moyens "notamment pour lutter contre la corruption", selon lui.

Les mandats de M. Bouteflika ont été marqués par des scandales de corruption, touchant parfois ses proches. Selon l'indice de perception de la corruption 2018 de l'ONG Transparency international, l'Algérie est classée 105e sur 180 pays.

De nouveaux rassemblements étudiants sont attendus mardi.

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