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Débordées, les morgues sud-africaines entassent les cadavres dans des conteneurs


Le personnel de Sopema Funerals se prépare à transporter le corps d'une personne décédée, à Soweto, au sud-ouest de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 4 août 2020. REUTERS/Siphiwe Sibeko
Le personnel de Sopema Funerals se prépare à transporter le corps d'une personne décédée, à Soweto, au sud-ouest de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 4 août 2020. REUTERS/Siphiwe Sibeko

Derrière la maison funéraire Sopema Funerals, dans le township sud-africain de Soweto, un conteneur réfrigéré autrefois destiné à stocker des marchandises périssables est reconverti pour entreposer les cadavres.

Pays africain le plus touché par le coronavirus, l’Afrique du Sud compte plus d’un demi-million de cas avec environ 9 000 décès. Les entreprises de pompes funèbres comme Sopema Funerals ont pris des mesures pour faire face à l'afflux de corps dans leurs morgues.

Entouré de cercueils dans sa salle d'exposition et portant un masque et une visière de protection, Monageng Legae, le propriétaire de Sopema Funerals, explique qu’il a effectué 85 enterrements en juin et 75 en juillet, contre 30 par mois à la même époque l'année dernière.

Mais le coût du conteneur, auquel s’ajoutent les dépenses liées à une salle d'attente extérieure temporaire et du personnel additionnel dont une équipe de nuit supplémentaire, ont quasiment effacé les revenus supplémentaires.

Même Avbob, le plus grand fournisseur de services funéraires d’Afrique du Sud, a dû procéder à des changements. L’entreprise, qui retrace ses origines à la pandémie de grippe espagnole de 1918, dit avoir enterré environ 25 % des morts dus au coronavirus dans le pays.

La compagnie a vu le nombre d'enterrements augmenter de 60 % en juillet, selon Pieter van der Westhuizen, son directeur général des services funéraires. Il ajoute qu'Avbob a installé 13 morgues supplémentaires dans des conteneurs et en construit 4 autres.

M. Legae plaide donc pour que les autorités viennent en aide à son industrie. "Les gens oublient que cette industrie joue en fait un rôle essentiel", déclare-t-il.

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Les gérants de pompes funèbres disent qu'au-delà du pic des décès dus à la maladie COVID-19, ils doivent faire face à des pénuries de cercueils et à des retards dans la délivrance des certificats de décès.

En juillet, les données ont montré que l'Afrique du Sud a enregistré 59% de décès de plus que prévu normalement pour la période de mai à la mi-juillet. Des statistiques qui semblent indiquer que le coronavirus fait beaucoup plus de morts que les chiffres officiels annoncés.

Débordées, les pompes funèbres sont poussées à commettre des erreurs.

Le mois dernier, le quotidien Sowetan a rapporté qu'au moins six corps avaient été enterrés par la mauvaise famille en une quinzaine de jours.

Stephen Fonseca, conseiller médico-légal régional pour l'Afrique au Comité international de la Croix-Rouge, recommande aux autres pays africains de s’inspirer de l'expérience de l'Afrique du Sud pour se préparer en conséquence. La priorité c’est de s’assurer que chaque dépouille est traitée avec dignité en suivant les normes sanitaires. L’Afrique en effet se rapproche d’un million de cas de coronavirus.

"Quand un pays est confronté à une augmentation du nombre de cas de COVID-19, il est trop tard pour planifier la manière de gérer les victimes", déclare-t-il.

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