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Un avocat inculpé après avoir appelé à des élections libres en Chine


La police a informé les proches de Yu Wensheng que ce dernier sera détenu "en résidence surveillée.
La police a informé les proches de Yu Wensheng que ce dernier sera détenu "en résidence surveillée.

L'avocat chinois Yu Wensheng, éminent défenseur des droits de l'homme arrêté après avoir appelé à organiser des élections libres, a été inculpé d'"incitation à la subversion" et sera détenu au secret loin de chez lui, a indiqué lundi son avocat à l'AFP.

Une dizaine de policiers, dont des membres des forces spéciales, avaient interpellé Yu Wensheng le 19 janvier à Pékin alors qu'il emmenait son enfant à l'école, selon des sources concordantes.

Selon un premier acte d'accusation, M. Yu, 50 ans, avait été arrêté pour "trouble à l'ordre public".

Mais samedi, la police de Xuzhou, dans la province du Jiangsu (est), a ajouté l'inculpation bien plus grave d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat", passible de quinze ans d'emprisonnement --soit cinq fois plus que les premières charges à son encontre--, selon son avocat Huang Hanzhong.

Les forces policières ont informé les proches de Yu Wensheng que ce dernier sera détenu "en résidence surveillée à un endroit désigné" par les autorités, a précisé M. Huang à l'AFP.

Yu Wensheng s'était fait connaître en 2016 en portant plainte contre la municipalité de Pékin en raison de la pollution atmosphérique endémique dans la capitale.

La veille de son interpellation, l'avocat avait adressé à des journalistes une lettre ouverte appelant le gouvernement à autoriser une élection présidentielle au suffrage universel avec candidats multiples.

C'est désormais la dernière victime en date d'une campagne drastique menée par Pékin contre les critiques du régime communiste, avec de nombreuses arrestations d'avocats depuis mi-2015.

On ignorait pourquoi la police de Xuzhou était impliquée, même s'il n'est pas rare de voir des militants des droits de l'homme ciblés par des juridictions très éloignées de leur lieu d'habitation.

En vertu des lois concernant la "résidence surveillée", des suspects peuvent rester jusqu'à six mois dans des lieux de détention non officiels, sans communication avec leurs proches ni avec leurs avocats.

Le département de sécurité publique de Xuzhou n'était pas joignable lundi. Huang Hanzhong a indiqué vouloir se rendre dans la ville du Jiangsu pour tâcher de rencontrer M. Yu.

"L'objectif de la résidence surveillée est de le réduire au silence pour au moins six mois", et l'avocat fait face à "un risque élevé de torture et de mauvais traitements", s'alarme Patrick Poon, chercheur de l'ONG Amnesty International, dénonçant des accusations "arbitraires".

Yu Wensheng a déjà eu maille à partir avec le régime, notamment pour avoir en 2014 soutenu le mouvement des parapluies à Hong Kong en faveur de la démocratie. Il affirme avoir alors été détenu et torturé pendant trois mois.

Avec AFP

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