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Quand le terroriste de Stockholm apprend que le groupe Etat islamique n'a pas revendiqué l'attentat


Un agent de sécurité se tient devant les journalistes lors de l'ouverture du procès de Rakhmat Akilov, devant le tribunal de Stockholm, le 13 février 2018.
Un agent de sécurité se tient devant les journalistes lors de l'ouverture du procès de Rakhmat Akilov, devant le tribunal de Stockholm, le 13 février 2018.

Un Ouzbek jugé pour avoir tué cinq personnes en avril 2017 à Stockholm au volant d'un camion au nom du groupe État islamique a appris au cours de l'audience que l'organisation jihadiste n'a en fait jamais revendiqué cet attentat.

"Savez-vous que l'EI n'a jamais revendiqué l'attentat?", lui demande un conseil des parties civiles, Gustaf Lindholm, au quatrième jour de ce procès pour terrorisme, le premier en Suède.

"Ils ne l'ont pas revendiqué?", réagit l'accusé, manifestement surpris. "Non", confirme l'avocat. D'une voix faible, l'Ouzbek, qui s'exprime en russe, ajoute : "C'est la volonté d'Allah".

Depuis son arrestation quelques heures après l'attentat du 7 avril, Rakhmat Akilov est maintenu à l'isolement, avec un accès minimal aux informations extérieures, ne recevant de visites que de son avocat commis d'office.

Il a prêté allégeance à l'EI dans une vidéo la veille des faits et affirme avoir reçu le feu vert de représentants du "califat islamique" autoproclamé en Irak et en Syrie pour mener une opération suicide dans la capitale suédoise.

Les enquêteurs ont de fait mis au jour grâce à son téléphone portable de nombreux échanges avant le 7 avril 2017 avec des interlocuteurs identifiés par des pseudonymes, qu'Akilov présente comme investis d'une autorité au sein de l'EI ou du "califat".

Des allégations impossibles à vérifier : officiellement, les services suédois du renseignement (Säpo) continuent leurs investigations pour tenter d'identifier ces interlocuteurs.

Rakhmat Akilov, qui s'est présenté mercredi comme un "soldat" de l'EI, ne semble avoir bénéficié d'aucune complicité directe, tout au plus d'un "soutien" moral dans la préparation de son projet, selon le ministère public.

A l'issue de l'audience de mercredi, son avocat n'a souhaité ni confirmer ni infirmer que son client ignorait jusqu'ici que l'EI n'avait pas endossé la responsabilité de son geste.

Pressé par les avocats de victimes, ce demandeur d'asile, débouté par l'Office suédois des migrations en 2016, a dit ne rien regretter de l'attentat, qui, outre les cinq passants tués (trois Suédoises, une Belge et un Britannique), a fait 10 blessés.

"C'est Allah qui jugera si nous avons mal ou bien agi", répète-t-il. Puis, après une brève interruption d'audience, ce père de quatre enfants restés au pays semble adoucir ses réponses : "Je ne veux pas heurter les sentiments des blessés en disant si je regrette ou pas".

Jugé pour acte terroriste et tentative d'acte terroriste, il encourt la prison à vie.


Avec AFP

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