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Bernie Sanders licencie face aux succès de Clinton


Bernie Sanders lors d'un meeting,Huntington, 26 avril 2016
Bernie Sanders lors d'un meeting,Huntington, 26 avril 2016

Après de nouvelles victoires de Hillary Clinton aux primaires démocrates pour la Maison Blanche, son rival Bernie Sanders va se séparer de centaines de salariés afin de se concentrer sur la grande primaire de Californie, en juin, et surtout sur la bataille d'idées.

"Nous n'avons plus besoin d'employer des gens dans des Etats partout dans le pays", a dit Bernie Sanders au New York Times. "Nous allons concentrer nos ressources dans les 14 consultations qui restent, ce qui veut dire que nous allons réduire notre personnel".

Les équipes rémunérées de Bernie Sanders, dans tout le pays, comptaient plus de 1.000 personnes fin janvier. De 550 actuellement selon la chaîne CNN, elles passeront à un peu plus 300 personnes, a annoncé le porte-parole du candidat Michael Briggs, dans un communiqué.

"C'est du jamais vu", dit à l'AFP Larry Sabato, observateur des campagnes électorales depuis des décennies. "Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais il est évident que les échelons supérieurs et probablement Bernie Sanders lui-même ont accepté la réalité. Il ne sera pas le candidat démocrate".

En public, Bernie Sanders continue d'assurer à ses partisans que l'investiture est possible, bien que la voie soit étroite. Il pourrait d'ailleurs remporter plusieurs Etats dans les prochaines semaines. L'Indiana votera mardi.

Mais son retard est si immense que pour l'emporter, il faudrait non seulement gagner gros aux primaires restantes, y compris en Californie le 7 juin, mais faire changer d'avis des centaines de "superdélégués" qui sont aujourd'hui dans le camp Clinton.

Ces superdélégués sont les membres du comité démocrate national (DNC) et les élus démocrates du pays (Congrès et gouverneurs). Sur environ 700, 500 ont déclaré leur allégeance à Hillary Clinton. Au total, il ne lui manque qu'environ 215 délégués pour atteindre la majorité de 2.383 requise. Or plus de mille restent à répartir d'ici la mi-juin.

Hillary Clinton a déjà engagé le travail de réunification démocrate, après des mois d'une virulence croissante entre les deux candidats. Au-delà des désaccords de fond, Bernie Sanders a sous-entendu qu'elle était corrompue par les groupes d'intérêts bancaires et financiers, en raison des dons versés par des salariés et lobbyistes du secteur, notamment lors de réceptions privées de levée de fonds.

Mais l'inimitié entre les deux rivaux ne semble pas avoir atteint le niveau de 2008. A l'époque, le duel entre Barack Obama et Hillary Clinton avait été très personnel. Bill Clinton était si irrité de ce qu'il considérait comme l'hypocrisie du jeune sénateur noir qu'il avait perdu ses nerfs, multipliant les attaques en meetings.

Et au soir de la dernière primaire, en juin 2008, malgré sa défaite, Hillary Clinton n'avait rien concédé, stupéfiant les observateurs. Ce n'est que quelques jours après qu'elle s'était résignée.

"En 2008, il y avait un grand doute quant au ralliement des partisans déçus de Clinton à Barack Obama", se souvient Jennifer Lawless, professeur de gouvernement à l'American University. Puis Clinton a envoyé un message clair, et ses électeurs ont suivi. "Cette année, je n'ai aucun doute quant au ralliement du camp Sanders", dit-elle à l'AFP.

Les perdants n'exercent pas toujours d'influence durable. Mais certains, comme Pat Buchanan chez les républicains en 1992 et 1996 ou le démocrate Howard Dean en 2004, parviennent à peser.

Bernie Sanders, qui a passé sa carrière politique comme sénateur indépendant et non démocrate, semble déterminé à ancrer le parti démocrate à gauche. Il répète qu'il sera présent à la convention d'investiture de Philadelphie, en juillet, où la plateforme démocrate sera aussi élaborée. Il entend y inscrire la revendication d'un salaire minimum à 15 dollars (Clinton préfère 12 dollars), l'interdiction de la fracturation hydraulique, la création d'une taxe carbone...

En échange, Hillary Clinton a désespérément besoin des jeunes démocrates. Environ 80% des 18-29 ans ont voté pour son adversaire.

"Les conventions servent souvent de moment unificateur", souligne Larry Sabato.

Un autre facteur devrait rendre Bernie Sanders incontournable: son trésor de guerre.

"La grande question est de savoir ce qu'il va faire de son argent, il en a beaucoup et il va continuer à lever des montants importants", dit à l'AFP Robert Boatright, professeur de sciences politiques à l'université Clark dans le Massachusetts. "Il peut exercer une grande influence".

Avec AFP

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